La mondialisation
Une rhétorique de Banque mondiale ?
La mondialisation est littéralement « reconnue » par les grandes institutions financières internationales. « Le “nouveau désordre” qui s’étend trouve en partie ses racines dans l’extraordinaire injustice du système économique mondial dont le G7 apparaît comme le principal garant. Les plans de stabilisation macro économique et les “programmes d’ajustement structurel” mis au point par le Fonds monétaire international (FMI) représentent un puissant instrument de remodelage qui affecte la vie de centaines de millions de personnes. L’ajustement structurel a un effet direct sur le phénomène de mondialisation de la pauvreté. La mise en œuvre de la “chirurgie” économique du FMI a abouti à la compression des revenus réels et au renforcement d’un système exportateur reposant sur une main-d’œuvre bon marché.
Le même mélange d’austérité budgétaire, d’ouverture des frontières et de privatisation est appliqué dans plus de soixante-dix pays endettés du tiers-monde et en Europe orientale. Ces pays perdent toute souveraineté économique et tout contrôle sur leur politique fiscale et monétaire ; leur Banque centrale et leur ministère des finances sont réorganisés ; les institutions étatiques disparaissent ; une tutelle économique est mise en place. Une sorte de gouvernement parallèle ne rendant pas de comptes à la société civile est constitué par les organisations financières internationales ; quant aux pays qui ne se conforment pas aux règles du FMI, ils sont placés sur une liste noire.
Le capitalisme allemand s’étend au-delà de l’Oder-Neisse dans son Lebmsraum d’avant-guerre (Poméranie, Silésic, Swinemünde, Prusse-Orien- talc), et, dans des usines de montage en Pologne, Hongrie et Tchécoslovaquie, le coût de la main-d’œuvre (de l’ordre de 120 dollars par mois) est de beaucoup inférieur à celui de la CEE. Les anciens pays “socialistes” sont de la sorte intégrés à l’économie de main-d’œuvre à bon marché.
La concentration accrue des revenus et de la richesse (au Nord comme dans le Sud) a cependant permis une forte croissance de l’économie de luxe : voyages et loisirs, automobile, électronique, révolution des télécommunications, etc. Les élites des pays endettés, les membres des anciennes nomenklaturas, les nouveaux hommes d’affaires est-européens sont à la fois les protagonistes et les bénéficiaires de cette évolution. Les disparités sociales dans des pays comme la Hongrie et la Pologne ont désormais l’ampleur de celles d’Amérique latine. Ici se situe la source de l’endettement du Sud. Une partie des bénéfices extraits des producteurs directs à travers l’échange inégal est utilisée pour fournir de nouveaux crédits (à des taux d’intérêt élevés) afin de permettre aux pays pauvres de continuer à rembourser leurs dettes, à condition toutefois d’avaler les “médicaments” du FMI et d’accepter de peser davantage encore sur les salaires et sur les prix, et ainsi de suite… Où sont les solutions de rechange ? Faut-il parler de la “démocratisation” des institutions de Bretton Woods ?…»
Une « colonisation des esprits »
Enfin, comment avoir, comment conserver un esprit critique, alors que les médias pèsent de tout leur poids en faveur de la mondialisation ? Les médias en sont en quelque sorte à Père du mensonge. Comment résister à cette véritable « colonisation des esprits », selon le mot d’Armand Mattelart? L’auteur poursuit ainsi : « Dans le secteur de la communication, [la mondialisation] a favorisé la constitution de réseaux planétaires, aussi bien dans le champ de la publicité que dans celui du multimédia, avec la création de groupes d’envergure mondiale en Europe, au Japon, en Australie […]. Le passage de l’international au “global” s’est effectué si rapidement que l’explication du phénomène s’est vu réduite à un discours de légitimation des grandes entreprises à la recherche de la “taille critique”. Le mythe triomphaliste a occulté l’autre versant du phénomène. [… |
Au fur et à mesure que se déployait le “système-monde”, connectant les différentes sociétés avec des produits et des réseaux fonctionnant sur le modèle “global”, la culture elle-même subissait un effet de transnationalisation. En même temps, les sociétés civiles, puisant dans les traditions culturelles locales, opposaient des réponses singulières au projet de réorganisation des relations sociales, accéléré par les nouveaux dispositifs de communication. Ces réponses ont pris la forme de résistances, de retournements, de parodies, d’adaptations, de réappropriations. Et, surtout, d’une très forte nostalgie des différences et des mécanismes de différenciation. Partout, on observe un retour aux cultures particulières, à la tradition, au territoire, aux valeurs singulières, une renaissance des nationalismes et des fondamentalismes.
Première illustration de cette dynamique: l’organisation sociale en réseaux. Mis en œuvre, en particulier, par les organisations non gouvernemen- i aies les plus diverses, ce nouveau mode de communication entre sociétés civiles, parcourt tout le spectre des techniques de communication, de la vidéo jusqu’à la radio en passant par l’informatique. Son développement a accompagné la recherche de modalités d’auto-organisation, moyen par lequel de nouveaux acteurs sociaux tentent d’assumer la gestion de leurs propres affaires face à la crise de PEtat-providence. Leur plus grand mérite est de permettre une réflexion sur un “troisième espace”. Un espace qui viendrait s’intercaler entre les logiques mter-marchés et les logiques inter-étatiques, médiatisant le pragmatisme du marchand et la Realpolitik du prince. »
La persistance du sous-développement
« Depuis le début du siècle, le nombre des États n’a cessé d’augmenter, passant d’une quarantaine à près de deux cents. Mais le monde continue d’être dirigé par les mêmes sept ou huit États qui le dominaient à la fin du xixc siècle, l’armi les dizaines de pays nés du démantèlement des empires coloniaux, à peine trois (Corée du Sud, Singapour et Taiwan) ont atteint des niveaux de développement comparables à ceux des grands pays. Les autres demeurent embourbés dans un sous-développement chronique.
Il leur sera d’autant plus difficile d’en sortir que les matières premières, sur la vente desquelles repose pour l’essentiel leur économie, voient leurs prix inéluctablement chuter ; de nombreux produits de base (métaux, fibres, denrées) étant désormais moins utilisés ou remplacés par des produits de synthèse. Au Japon, par exemple, au cours des vingt dernières années, chaque unité de production industrielle a réduit sa consommation de matières premières de 40 % ! »
La naissance de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC)
Les 117 pays parties prenantes aux négociations du « cycle de l’Uruguay » uni adopté, le 15 décembre 1993, à Genève, l’acte final donnant naissance à P( )MC. L’Organisation mondiale du commerce se donne comme but l’accroissement de la production et du commerce par une réduction substantielle des tarifs douaniers et des autres entraves aux échanges, en concourant à l’élimination des discriminations dans les relations commerciales internationales, dans la lignée du GATT de 1947. L’OMC vise aussi à relever les pays sous-développés, et en particulier les moins avancés d’entre eux (PMA), « y compris la libéralisation la plus complète du commerce des produits agricoles tropicaux ». L’OMC servira donc de cadre institutionnel commun pour la conduite des relations commerciales entre ses membres, elle sera le lieu exclusif des négociations entre ses membres au sujet de leurs relations commerciales multilatérales. En vue de rendre plus cohérente l’élaboration des politiques économiques au niveau mondial, l’OMC coopérera avec le Fonds monétaire international (FMI) et avec la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD).
Vidéo : La mondialisation
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La mondialisation
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