Le miocène
La géographie miocène se rapproche de plus en plus de celle que nous connaissons de nos jours.
L’Antarctique comme l’Australie sont des continents complètement isolés, même si cette dernière se rapproche lentement de l’Asie du Sud-Est.
Du fait de la dérive de l’Afrique vers le nord, la Téthys est en voie de fermeture. Cela va conduire au cours du Miocène à l’établissement de connexions terrestres entre le continent africain et l’Eurasie qui forme, depuis l’Oligocène, un bloc continental unique et immense, dont l’Inde fait partie intégrante depuis longtemps.
Les premiers stades de l’ouverture de la mer Rouge, qui séparera partiellement la péninsule Arabique de l’Afrique se manifestent.
L’Amérique du Nord reste liée à l’Asie au niveau de l’actuel détroit de Béring. Quant à l’Amérique du Sud, elle demeure isolée de l’Amérique du Nord par un bras de mer à l’emplacement de l’actuel isthme de Panama.
L’Antarctique
Le continent antarctique, au Miocène, est à la fois complètement isolé des autres terres émergées et situé dans une position polaire. Le refroidissement commencé à l’Oligocène se poursuit, et une véritable calotte glaciaire s’y établit au Miocène. La faune terrestre du début du Tertiaire en Antarctique n’est pas encore très bien connue, mais il est clair que la profonde dégradation climatique qui affecta le continent à partir de l’Oligocène provoqua son extinction. Au Miocène on connaît dans l’Antarctique, ainsi que dans d’autres régions australes, des restes de manchots.
L’Astralie
Au Miocène, l’Australie est complètement isolée. Il s’y développe une faune endémique bien particulière, dominée par les marsupiaux, et d’où les placentaires sont absents (à l’exception des chauves-souris, venues évidemment par la voie des airs). De riches gisements fossilifères, comme celui de Riversleigh, au Queensland, nous renseignent sur cette faune de marsupiaux et de monotrèmes, dont bien des membres sont adaptés à des niches écologiques occupées sur d’autres continents par des mammifères placentaires.
Dès le Miocène, on connaît en Australie des marsupiaux herbivores appartenant à des familles encore pré-sentes sur ce continent, comme les koalas, les wombats et les kangourous. Mais on y trouve aussi des représentants de groupes aujourd’hui éteints de marsupiaux de grande taille, comme les palorchestidés et les diprotodontidés. Les diprotodontidés, tel Neohelos, étaient des quadrupèdes massifs qui atteignaient alors la taille d’une vache. Les palorchestidés étaient d’étranges créatures aux longs bras et pourvus semble-t-il d’une courte trompe. Les niches écologiques de prédateurs étaient occupées elles aussi par des marsupiaux, annonçant entre autres le thylacine, ou « loup de Tasmanie » récemment éteint, ainsi que diverses autres formes plus ou moins étranges.
L’Amérique du sud
Autre continent isolé, l’Amérique du Sud miocène présente aussi une faune très endémique, avec ses édentés, ses ongulés bien particuliers, et ses marsupiaux carnivores (les borhyaenidés). Peut-être encore plus que dans le cas des marsupiaux australiens, on constate des convergences évolutives frappantes avec des mammifères placentaires d’autres régions du globe. Parmi les ongulés, on trouve ainsi des « pseudo-rongeurs » chez les notongulés, et des « pseudo-chevaux » chez les litopternes. On a ainsi découvert dans le Miocène de Patagonie un animal de la taille d’un poney nommé Diadiaphorus qui, avec un doigt médian développé et des doigts latéraux réduits, ressemble aux équidés primitifs comme Mesohippus. Dans les mêmes niveaux, on connaît aussi un litopterne plus petit, de la taille d’une gazelle, qui a reçu le nom de Thoatherium, et ne possédait plus qu’un doigt médian fonctionnel, les doigts latéraux étant encore plus réduits que chez le cheval actuel. A côté de ces animaux qui « copient » des mammifères d’autres régions du globe, on trouve aussi dans la faune miocène d’Amérique du Sud des formes étranges sans équivalent ailleurs, comme Astrapotherium, animal de la taille d’un rhinocéros, pourvu de courtes défenses, et probablement aussi d’une trompe. Outre les mammifères endémiques à l’Amérique du Sud, les deux groupes arrivés probablement d’Afrique à l’Oligocène, à savoir les rongeurs et les primates, pour-suivirent leur évolution sur ce continent au Miocène. Enfin, il faut signaler le développement à cette époque des grands oiseaux carnivores incapables de voler, de la famille des phorusracidés.
Phomsrhacos, de la taille d’un homme, devait être un coureur rapide capable de déchirer ses proies à l’aide de son bec acéré. Il existait aussi à la fin du Miocène, en Patagonie, de gigantesques oiseaux volants, comme Argentavis, une sorte de vautour géant dont l’envergure atteignait plus de sept mètres, ce qui en fait le plus grand oiseau volant connu.
L’Afrique
La fermeture croissante de la Téthys, qui se rapproche de plus en plus des limites de l’actuelle Méditerranée, et l’établissement d’une connexion continentale entre l’Afrique et l’Asie dans la région du Moyen-Orient sont les événements paléobiogéographiques les plus marquants du Miocène. Ils marquent la fin du relatif isolement du continent africain et permettent des échanges avec l’Eurasie. A la fin du Miocène, la Méditerranée connaît un épisode d’assèchement partiel, dû à une fermeture provisoire du détroit de Gibraltar, qui transforme pour un temps la proto-Méditerranée en un lac salé soumis à une forte évaporation. Tous ces phénomènes sont liés à la dérive de l’Afrique vers le nord, qui a aussi pour conséquence la formation des chaînes alpines. D’un point de vue biogéographique, l’établissement d’une connexion entre l’Afrique et l’Eurasie eut des conséquences importantes dont, entre autres, l’arrivée dans ce dernier ensemble continental de groupes de mammifères jusque-là restreints au continent africain et l’arrivée en Afrique de nombreux groupes eurasiatiques. Parmi les immigrants venus d’Eurasie qui pénètrent alors en Afrique figurent les rhinocéros, les bovidés, les girafes et les cochons. Dans l’autre sens, les proboscidiens et les primates supérieurs (bien représentés en Afrique par des singes tels que Proconsul) parviennent en Eurasie.
L’Eustralie
L’Eurasie miocène n’est pas très différente de sa configuration actuelle, si ce n’est que laTéthys, ou plutôt son extension vers le nord, est appelée la Paratéthys
(la mer Noire et la Caspienne actuelles en sont en quelque sorte des vestiges). Elle occupe alors, sous la forme d’une vaste étendue marine, de grands territoires que vont de l’Europe centrale et orientale jusqu’en Asie centrale.
Les liaisons continentales avec l’Amérique du Nord par la voie nord-atlantique sont définitivement coupées, mais des connexions restent possibles via la région de l’actuel détroit de Béring. L’établissement d’un contact avec le bloc arabo africain dans la région du Moyen-Orient est, il faut le souligner, un événement d’une portée considérable pour la paléobiogéographie. Les faunes miocènes de l’Eurasie, qui sont connues par les fossiles trouvés dans de très nombreux gisements, tant en Europe qu’en Asie, se composent de
L’Amérique du nord
Au Miocène, l’Amérique du Nord n’a de relations par voie terrestre qu’avec l’Asie via les terres alors émergées de la région du Pacifique Nord.
En dépit de cette possibilité d’échanges, les faunes eurasiatique et nord-américaine ne sont pas identiques, le « pont » entre les deux masses continentales fonctionnant apparemment comme un filtre ne laissant passer que certaines espèces (les conditions climatiques pourraient expliquer cette sélectivité).
Parmi les formes communes à l’Amérique du Nord et à l’Eurasie au Miocène, on remarque par exemple les étranges chalicothères et des équidés comme Anchitherium. Certains mammifères venus à l’origine d’Afrique parvinrent en Amérique du Nord via l’Asie au cours du Miocène : c’est le cas en particulier des proboscidiens. Parmi les groupes qui demeurèrent restreints à l’Amérique du Nord pendant le Miocène (avant de coloniser plus tard d’autres parties du monde) figurent des ongulés adaptés aux vastes prairies de graminées qui se développèrent à cette époque, comme les équidés évolués du type Merychippus et Hipparion ou les chameaux qui, sur ce continent, se diversifièrent en donnant entre autres des formes au long cou ressemblant à des girafes. D’autres ongulés présents dans le Miocène d’Amérique du Nord ne quittèrent jamais ce continent : c’est le cas des protocératidés, comme Synthetoceras, sans doute proches des chameaux, mais ressemblant plutôt à des antilopes et portant de curieuses cornes fourchues sur le museau.