Les premiers empires marchands : des origines à 1000 av. J.-C.
Assyriologie. égyptologie, hittitologie, histoire de la Grèce et de Rome, préhistoire de l’Europe : toutes ces disciplines participent de l’histoire de la Méditerranée, chaque domaine demandant en outre à être considéré sous tous ses aspects si l’on tient à se faire une idée précise des premières phases de cette histoire. Plutôt que de présenter un résumé forcément très sommaire de ce que nous savons des différentes cultures en présence considérées en elles-mêmes, nous nous pencherons sur les relations qu’elles ont entretenues les unes avec les autres. De curieux entrecroisements ne manqueront pas d’apparaître, que l’historiographie classique, trop compartimentée, n’est pas en mesure de décrypter : c’est pourtant en s’attachant à ce type de phénomènes qu’il est possible de mieux comprendre les débuts de l’histoire de l’homme sur les rives de la mer Intérieure.
L’archéologue britannique Stuart Piggot relevait en 1965. avec une pointe d’ironie, que des considérations purement technologiques avaient prévalu au cours des cent années précédentes dans l’étude du passé reculé de l’humanité, donnant naissance aux appellations fondées sur des techniques ou des matériaux : les âges de la pierre et les âges des métaux… Il en est résulté un découpage en périodes auquel l’expérience a montré qu’il est très difficile d’échapper. Un autre type d’approche avait pourtant été tenté par J. G. D. Clark, qui avait démontré en 1952 qu’il pourrait être plus intéressant d’analyser l’histoire de l’homme selon la façon dont il avait assuré sa subsistance ou en fonction des structures économiques des anciennes sociétés. Les préhistoriens français du XIXe siècle n’ignoraient pas ce souci : ils avaient tenté de classifier les sociétés anciennes, non selon leur outillage, mais selon les grands mammifères qu’elles chassaient, distinguant par exemple un âge du mammouth et un âge du renne. Mais la classification fondée sur les grandes étapes de l’évolution technique faisait déjà autorité et elle n’a plus cessé depuis d’avoir cours, notamment parce qu’elle s’est révélée pratique.
Clark n’en a pas moins proposé un nouveau modèle pour étudier l’homme préhistorique. Grâce à lui, les divers milieux naturels européens et les différents stades du développement économique, tels que le passage d’une société de chasseurs- cueilleurs à des communautés d’agriculteurs, furent reconnus comme les fondements sur lesquels repose toute culture matérielle — constituée non seulement par l’outillage mais aussi par le style des habitations et des villages — et comme la base des réseaux commerciaux — analysés en termes de moyens de transport et d’itinéraires. Ces conceptions doivent être désormais complétées par l’approche globale proposée par Fernand Braudel, dont l’objectif fut de montrer que les différentes cultures méditerranéennes et leurs réussites ne peuvent être comprises que si on les envisage comme un tout, et surtout qu’elles doivent être mises en relation les unes avec les autres. C’est précisément ce que nous allons nous efforcer de faire.
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