L'unité méditerranéenne voie en éclats : de 500 à 1000
Au DÉBUT DU Ve SIÈCLE, des tribus germaniques se frayèrent un chemin jusqu’aux territoires bordant la Méditerranée et sonnèrent le glas d’une unité politique que seuls les Romains avaient réussi à instaurer. A l’époque, l’Espagne était occupée par les wisi- goths et l’Italie sous domination ostrogothe. L’irruption des Vandales en Afrique du Nord témoigne de l’ampleur des mouvements migratoires d’alors.
L’offensive germanique et la reconquête impériale : de 400 à 560
En 429, les Vandales et les Alains, venus par la mer, s’emparèrent des deux Maurétanies et de la Numidie. En 435, Valentinien III, empereur d’Occident, fut contraint de céder ces provinces. Il ne conserva que Carthage qui finit par tomber aux mains des Vandales, conduits par Genséric, et devint leur capitale. Une expédition visant à les chasser atteignit la Sicile en 441 mais dut rebrousser chemin suite à l’invasion de la Thrace par les troupes d’Attila. Un traité de paix signé en 442 transféra alors de vastes territoires de l’Afrique romaine aux Vandales et concéda, du moins en théorie, les provinces d’Extrême-Occident à l’Empire.
Forts de la flotte capturée à Carthage, à laquelle s ajoutèrent d autres vaisseaux construits sur place, les Vandales se lancèrent à l’assaut de la Sicile depuis l’Afrique. Une armada parvint à Ostie en 455, commandée par Genséric, dont les troupes saccagèrent Rome quatorze jours durant. Les années suivantes, les vandales envahirent Capoue puis occupèrent tour à tour les Baléares, la Corse et la Sardaigne dès 482- 483. Chaque année, ils tentaient de s’installer en Sicile et en Italie, et purent conquérir l’île peu après 468. Parallèlement, ils pillèrent les côtes occidentales grecques. Les empereurs successifs d’Occident et d’Orient s’évertuèrent en vain à les déloger. Une paix négociée fut finalement signée en 474.
À la mort de Genséric, le pouvoir vandale commença à péricliter. En 533, du temps de Justinien Ier, une importante expédition maritime, menée par Bélisaire à partir de Constantinople, permit de récupérer les deux provinces mauritaniennes. La Sardaigne, la Corse, les Baléares et la Sicile passèrent sous domination romaine (c’est- à-dire byzantine). Vers 546, l’Afrique du Nord était pacifiée.
Néanmoins, on ne saurait réduire les Vandales à un peuple de corsaires. Ils établirent un régime fondé sur la production de céréales, participant au commerce maritime méditerranéen. De confession chrétienne, ils étaient adeptes de l’hérésie arienne qui stipule que Jésus n’est pas éternel, contrairement à Dieu le Père, et qu’il a été créé par ce dernier. Bien que condamné lors du concile de Nicée en 325. l’arianisme s’est largement répandu parmi les peuples germaniques convertis au christianisme : Vandales, Ostrogoths et Wisigoths. Tous y sont restés fidèles, à l’exception des Wisigoths qui adoptèrent le catholicisme en 589.
En 476, avec la chute de l’Empire romain d’Occident, l’empereur d’Orient ne put maintenir qu’une flotte restreinte dans l’Adriatique. En 508. Anastase I’ envoya cent dromons, galères d’un genre nouveau, à l’assaut des côtes italiennes. Le roi ostrogoth Théodoric fut incapable de riposter et ne pensa qu’à la toute fin de son règne à recourir aux forces navales pour combattre les Byzantins ou les Vandales. Une décennie plus tard, les Ostrogoths ne disposaient plus que d’une flottille réduite pour résister à la reconquête impériale lancée par Justinien pour récupérer l’Italie. En 535, la guerre éclata sur deux fronts. Des offensives menées à la fois sur terre et sur mer prirent pour cible les avant-postes ostrogoths. L’année suivante, doté d’une flotte et d’une armée, Bélisaire occupa la Sicile et la Calabre. Les Ostrogoths se contentèrent dans un premier temps de défendre l’intérieur du royaume, tandis que Justinien consolidait chaque année les forces navales présentes aux abords de l’Italie. Au printemps 538, l’imposante domination maritime des troupes byzantines obligea les Ostrogoths à quitter Rome et à se retirer à Ravenne, leur capitale.
Le printemps suivant, le général avança jusqu’à Osimo, tout en gardant un œil sur Ravenne. Rimini avait été occupée par l’un de ses lieutenants et restait assiégée. Bélisaire fit camper mille hommes aux portes d’Osimo et envoya une armada à Rimini. Pendant ce temps, d’autres troupes longeaient la côte. Au même moment, Bélisaire lui-même se dirigeait vers l’ouest. L’apparition soudaine de la flotte à l’horizon précipita le repli des Goths sur Ravenne. Plus tard, la mainmise byzantine tant sur le Pô que sur l’Adriatique permit d’affamer Ravenne. En 540, Bélisaire s’empara de la ville, qui ne lui opposa aucune résistance. Une flotte transportant du blé accosta à Classe, le port de Ravenne, pour nourrir la population.
l’Afrique Romaine
En 541, un nouveau roi ostrogoth, Totila, prit conscience qu’une armada s’imposait pour contrecarrer les attaques maritimes visant l’Italie. En 542, il écrasa les troupes byzantines dans le nord et assiégea Naples. Justinien riposta en expédiant une force navale sous le commandement de Maximinus. Elle fut détruite par les dromons, qu’utilisaient pour la première fois les Ostrogoths. Maximinus se réfugia ensuite à Syracuse. A l’automne, il envoya sa flotte à Naples. Prise dans une tempête, celle-ci fut détruite dans sa quasi-totalité. La mainmise de Totila sur la mer força Naples à se rendre au printemps 543. Deux ans plus tard, Bélisaire demanda à Justinien une nouvelle armée, de l’argent, des armes et des chevaux. Pendant ce temps, Totila naviguait vers Rome.
Le remplacement de Bélisaire par Narsès en 550 et la mort de Totila en 552 modifièrent la donne. Faute de disposer d’assez de vaisseaux pour acheminer toutes les troupes, l’armée impériale contourna l’Adriatique. En 561, les Goths de Vérone et de Brescia capitulèrent. L’Empire reprit le contrôle de la péninsule italienne, de toutes les îles et du littoral méditerranéen, à l’exception des côtes occidentales, sous domination wisigothe en Espagne, franque en « Languedoc et en Provence. Mais ni les Wisigoths ni les Francs ne se hasardèrent dans des attaques navales et l’unité de la Méditerranée fut de nouveau restaurée. Cette situation ne perdura pas longtemps. En moins d’une décennie apparut une nouvelle menace : les Lombards.
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