Sociétés : american beauty ?
Un résident sur 10 est né hors des États-Unis, la moitié venant de l’Amérique latine : majeur est le phénomène de la présence massive des Latinos, hispanophones d’origine latino-américaine. « La popularité de la musique, du cinéma et de la littérature hispaniques aux Etats-Unis illustre un trait marquant du multiculturalisme américain [aux yeux de Jean-Pierre Tailleur] : la diversité sans le dérangement, l’exotisme sans le voyage. D’abord destinées à une population originaire d’Amérique latine accrue par les flots de l’immigration, les œuvres d’expression espagnole n’ont trouvé un nouveau public qu’en gommant leurs particularismes afin de mieux s’adapter au seul désir de dépaysement du plus grand nombre. Dans le meltincf-pot américain, cette culture subsistera-t-elle autrement que sous forme de folklore ?
Pour l’Américain moyen, cette culture venue du Sud reste marginale : une sorte de Québec hispanique sans ligne de démarcation officielle, “une culture de l’altérité”. Le poids démographique des Latinos —30 millions de personnes environ, en comptant les illégaux, sur près de 260 millions d’habitants environ, ainsi que la longue histoire de l’hispanité sur le territoire des États- Unis contredisent ou expliquent une réalité moins multiculturelle que ne veulent le laisser croire les bonnes consciences américaines.
L’incapacité du grand public américain à consommer, au-delà des modes, des produits culturels hispaniques authentiques est avant tout liée à l’enseignement. Seulement 3 % des lycéens américains étudient l’espagnol pendant plus de deux ans ; dans une ville comme New York, où le quart de la population est hispanique, ils sont seulement 10 %.
Dans les universités, même les institutions les plus distinguées font l’impasse sur les matières liées à la culture hispanique. Les évolutions et les contradictions de ce “boom” culturel relativement ignoré par les anglophones, se retrouvent en littérature. Jusqu’à la fin des années 80, personne, à part les presses universitaires et ces quelques éditeurs isolés, ne s’est intéressé aux écrivains hispaniques.
Le Colombien Gabriel Garcia Marquez ou la Chilienne Isabel Allende ont réussi à susciter la curiosité du grand public américain grâce à la qualité de leurs œuvres, et à une accroche, exotique ou révolutionnaire, qui donnait bonne conscience à une gauche libérale moins sensible aux états d’âme des Latinos résidant à l’intérieur même des États-Unis. Poids démographique et provincialisme des anglophones aidant, ces succès devaient naturellement se transférer sur des auteurs latinos locaux. L’hispanité a d’autant moins de chances de s’implanter comme soupape ou comme alternative culturelle qu’aucune voix hispanique ne se fait entendre au niveau national »
Vidéo : Sociétés : american beauty ?
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