La langue grecque
La langue grecque « classique » n’a pas grand-chose à voir avec la langue grecque actuelle. Il est intéressant de savoir que cette langue grecque « classique » a été parlée et écrite pendant plus de 2000 ans (de -800 avant l’è.c. à 1500). Comme la plupart des langues parlées en Europe, la langue grecque est une langue indo-européenne (voir page 50). Avant de devenir le grec « classique », cette langue a connu différents alphabets et plusieurs dialectes.
Au départ, vers le 8e siècle avant l’è.c., on distinguait cinq variétés dialectales de grec lesquels correspondent aux différentes vagues des invasions (l’éolien, l’ionien et l’attique, le dorien, l’achéen et le mycénien). Par la suite, vers le 4e siècle avant l’è.c., au moment des conquêtes d’Alexandre le Grand, c’est l’attique qui s’est étendu pour devenir la koinè, la langue commune, c’est-à-dire le grec parlé classique, lequel est devenu la langue officielle de l’Empire byzantin. Il est à noter qu’au départ le grec utilisait une écriture très différente de celle que nous connaissons actuellement (cette écriture était en fait très semblable aux hiéroglyphes des Égyptiens et, comme dans celle-ci, chaque caractère avait à la fois la valeur d’un idéogramme et d’un son).
Par la suite, après s’être doté d’une écriture alphabétique pourvue de consonnes et aussi de voyelles (ce qui était une géniale intuition car ni l’hébreu, ni l’arabe, ni l’égyptien classique n’en sont pourvus), le grec put se développer et devenir la langue la plus parlée dans le monde antique. Des Romains aux Égyptiens, tout le monde parlait grec et, de plus, le grec était devenu la langue officielle de l’Église d’Orient ; sans parler du fait que les premières traductions des écrits juifs et chrétiens s’effectuèrent en grec (qui devenait non seulement la langue officielle de l’Église chrétienne mais aussi la langue de traduction de la Septante, la Bible hébraïque en langue grecque). Comme la plupart des langues antiques, dans le grec classique les lettres servaient également comme chiffres et l’on prétend que les premiers kabbalistes juifs utilisèrent d’abord les lettres grecques pour interpréter les textes sacrés en guématria (c’est-à-dire selon le calcul de la
valeur des mots) avant même d’utiliser les caractères hébraïques. Avant de parvenir au grec moderne, la langue grecque a encore connu deux étapes. Sous l’occupation ottomane (de 1453 à 1821), le grec parlé par le peuple (appelé grec démotique) fit de nombreux emprunts au turc d’abord mais aussi au latin et même aux langues slaves. À la création de l’État grec, en 1830, le gouvernement voulut s’affranchir du démotique et adopta comme langue officielle une langue savante (le katharevoussa ) opposée au grec populaire (le démotique). L’utilisation de cette langue était obligatoire pour les documents officiels mais considérée, aussi bien par le peuple que par les intellectuels, comme une « langue morte », une « langue momifiée » ; elle n’eut pas beaucoup de succès. En 1976, un an après l’accès de la Grèce à la démocratie, le gouvernement interdit l’utilisation du katharevoussa et déclara le démotique comme étant la langue officielle de la Grèce. Il semblerait qu’aujourd’hui seule l’Église utilise encore pour ses documents officiels une langue proche du katharevoussa.La langue greque