Le trias
L’ouverture d’un nouvel océan, la Téthys, amorce la dislocation de la Pangée en deux blocs : la Laurasie au nord (Amérique du Nord, Europe, Asie) et le Gondwana au sud (Amérique du Sud, Afrique, Inde, Australie, Antarctique). Dans le même temps, différents microcontinents continuent à rejoindre le bloc laurasiatique.
Les Dinosaures apparaissent autrias
Au début du trias, le monde animal est très uniforme : on retrouve un peu partout les mêmes espèces sur les continents, avec toutefois des variations latitudinales.
Les dinosaures sont apparus au trias moyen et, dès la fin de cette période, le groupe des prosauropodes est disséminé sur toute la planète.
A la fin du trias, un certain provincialisme apparaît avec des formes confinées au nord ou au sud de la Pangée.
La présence de phytosaures (des reptiles thécodontes amphibies qui ressemblaient superficiellement à nos crocodiles) et de dipneustes laurasiens en Thaïlande, à la fin du trias, démontre que l’Asie du Sud-Est appartenait déjà au royaume laurasien à cette époque.
La flore diffère selon la latitude au trias où l’on reconnaît des assemblages angariens (au nord du 60° parallèle N.), euraméricains
(entre le 20e et le 60e parallèle N.) et gondwaniens (entre le 30e et le 70e parallèle S.).
Les vertébrés triasiques sont particulièrement variés.
Les survivants du cataclysme de la fin du Permien, des reptiles mammaliens, et quelques groupes d’amphibiens en font partie. Parmi ces derniers, Capitosaurus et
Plagiosuchus étaient des animaux piscivores habitant les lacs et les rivières.
Les survivants du groupe des reptiles mammaliens connurent un nouveau développement au trias ; leur répartition est alors pangéenne ‘. Lystmsaunis, un gros herbivore pouvant atteindre 3 mètres de long, est connu en Russie, en Afrique du Sud, en Inde, en Chine et dans un Antarctique au début du trias. L’exceptionnel succès évolutif de Lystrosaurus, qui représente alors quatre vingt-dix pour cent de la communauté animale, pourrait être dû en bonne partie à la vacuité du monde au début de cette période.
Tous les grands carnivores avaient disparu après l’extinction de la fin du Permien, et il faudra attendre plusieurs millions d’années pour que quelques petits reptiles
carnivores du début du trias évoluent vers de grandes tailles. Lystrosaurus vécut donc quelque temps sans connaître la prédation. L’existence d’un tel gardemanger,(la biomasse lystrosaurienne devait être considérable) en termes évolutionnistes, produisit finalement des animaux lystrosaurophages. Cela ne pouvait qu’entraîner un accroissement de taille des carnivores.
Un grand nombre de nouveaux groupes de reptiles apparaît à cette époque, mais la plupart disparaîtront vers la fin du trias, supplantés par les dinosaures. Le groupe
des archosaures (les « reptiles souverains ») se développa considérablement : certains de ses représentants apparus au trias, comme les dinosaures, les crocodiles et les ptérosaures connaîtront un grand succès évolutif au Jurassique et au Crétacé.
D’autres, peu connus, disparaîtront à la fin du trias. Ainsi d’étranges reptiles herbivores comme les aëtosaures, au corps recouvert de plaques osseuses incrustées dans la peau, prospérèrent-ils alors. Cette carapace devait être une protection efficace contre les autres archosaures, qui étaient pour la plupart carnivores, comme les rauisuchiens. Saurosuchus, trouvé au Brésil, mesurait sept mètres de long. Tous ces archosaures ont une répartition très large qui confirme l’existence de la Pangée.
En 1833, de curieuses empreintes de pas fossilisées furent découvertes dans le trias d’Allemagne. Les premiers paléontologues à s’y intéresser y virent des empreintes de singes, car il s’agissait d’empreintes « qua-drumanes », avec des pieds et des mains à cinq doigts, dont un « pouce » dirigé … vers l’extérieur ! Malgré cette curiosité anatomique, la découverte fut longtemps utilisée par les adversaires de l’évolutionnisme. L’existence de mammifères évolués, dès le trias, posait en effet un grave problème aux défenseurs des thèses évolutionnistes. Dans les années qui suivirent, les empreintes (appelées Chirotherium) furent considérées successivement comme celles d’un marsupial, d’un ours des cavernes, d’une salamandre, d’un singe colossal… Les paléontologues pensent aujourd’hui qu’il s’agit d’empreintes laissées par des archosaures carnivores du groupe des rauisuchiens.
D’autres archosaures comme les phytosaures, des animaux piscivores ressemblant superficiellement aux crocodiles, offrent d’intéressantes indications biogéographiques. Une équipe francothaïlandaise conduite par l’un des auteurs du présent ouvrage, a en effet découvert des restes de phytosaures typiques de la Pangée en Thaïlande, ce qui confirme que cette région de l’Asie du Sud- Est faisait déjà partie de l’Asie au trias supérieur.
C’est aussi au trias qu’apparurent les premiers mam-mifères, issus d’un groupe de reptiles mammaliens, les cynodontes. Le premier mammifère, qui fut découvert en Grande-Bretagne, était un minuscule animal long de quelques centimètres, Morganucodon ; comme ses descendants, Morganucodon était recouvert de poils ; c’était sans doute un insectivore nocturne.
Parmi les nouveaux venus du trias, il faut signaler également les premières tortues Proganochelys , une tortue munie de dents, a été trouvée en Allemagne , l’ancêtre de nos grenouilles, les premiers crocodiles et les premiers dinosaures. Ces derniers devinrent abondants à la fin du trias, représentés en particulier par un grand groupe d’animaux herbivores : les prosauropodes. Les restes de ces animaux longs de trois à douze mètres ont été retrouvés dans le monde entier, mais le mieux connu est le Plateosaurus d’Europe.
Ses restes sont abondants en Allemagne et dans l’est de la France, où les premières découvertes eurent lieu au milieu du dix-neuvième siècle. Les géologues Pidancet et Chopard purent en extraire de nombreux ossements dans la région de Poligny, lors du creusement de la tranchée du chemin de fer. Cette époque de grands travaux ferroviaires fut une époque bénie pour les recherches paléontologiques et la mécanisation actuelle rend bien plus aléatoires les découvertes.
En 1862, la situation était différente, comme le rapportaient Pidancet et Chopard : « De bonne heure, les ouvriers occupés à ouvrir la tranchée par son extrémité nord est trouvèrent des fragments d’os, qu’à raison de leur couleur noire et de leur compacité, ils prirent d’abord pour de la houille. Plusieurs en emportèrent dans leur pension et essayèrent en vain de les brûler. Après des essais infructueux, ils ne firent plus attention à ce qu’ils rencontraient et jetèrent tout pêle-mêle dans les remblais. Dire combien de pièces, peut-être splendides, nous ont ainsi été enlevées, serait impossible. »
Les deux hommes baptisèrent leur découverte Dimodosauruspoligniensis (« le lézard terrifiant de Poligny »), mais quelques décennies plus tard le paléontologue allemand Huene démontra qu’il s’agissait en fait d’un Plateosaurus, un dinosaure herbivore long de huit à neuf mètres.
Des dinosaures carnivores existaient aussi à la fin du trias; la plupart étaient de petite taille (Procompsognathus avait la taille d’un pigeon) mais certaines espèces atteignaient trois ou quatre mètres de long.
Dans les mers, la faune se renouvela aussi complètement au trias. De nouveaux organismes marins firent leur apparition, tels que les cnidaires hexacoralliaires et les huîtres, des bivalves d’un nouveau type vivant en grandes colonies, fixées sur les rochers en eau peu profonde.
A l’instar des mésosaures du Permien, plusieurs groupes de reptiles s’accommodèrent à la vie marine. Quelques uns disparurent rapidement comme les placodontes ; leurs dents broyeuses devaient leur permettre de se nourrir de coquillages au fond de la mer. Certains, tel Psephodenna, possédaient une carapace osseuse ressemblant à celle des tortues.
D’autres formes, comme les ichthyosaures, s’acclimatèrent plus franchement à la vie marine. Avec leurs pattes
régressées et transformées en palettes natatoires, ces animaux, qui disparurent peu avant la fin de l’ère mésozoïque, étaient parfaitement adaptés à la vie marine. Leur gueule effilée, munie de dents coniques, ressemblait à celle des dauphins et les ichthyosaures se nourrissaient de poissons et d’autres occupants des mers mésozoïques dont les ammonites, des céphalopodes apparentés au nautile qui prospérèrent durant toute cette période.
Dès le trias supérieur, des ichthyosaures atteignirent des tailles considérables. Pouvant avoir jusqu’à quinze mètres, ils furent les grands prédateurs marins de l’époque.
Certains reptiles adaptés à la vie marine ne connurent pas le succès évolutif des ichthyosaures : ainsi le Tanystropheus, l’un des reptiles les plus étranges de tous les temps, un très curieux animal qui pouvait mesurer jusqu’à 7 m de longueur et au cou immense, plus de deux fois plus long que son corps et comportant 12 vertèbres, chacune mesurant jusqu’à 30 cm.Ce reptile insolite qui appartenait à un groupe d’animaux terrestres, avait probablement un habitat côtier et devait soit nager, soit se tenir sur un rocher au bord de l’eau pour attraper les poissons passant à sa portée.