Les effets de la première guerre mondiale sur le genre: Le retour à la normale
écrit le: 4 janvier 2013 par admin
>De la louange à la critique :
>
>Le retour au foyer des femmes :
>
Au « pourvu qu’elles tiennent » de l’année 1917 succède un « les femmes à la maison ». Peu après l’armistice, 500 000 des 600000 femmes employées dans l’armement sont remerciées par l’État; la démobilisation féminine est souhaitée dès le 13 novembre 1918, elle devient officielle en janvier 1919. La reconversion d’une économie de guerre en une économie de paix passe par le renvoi des femmes au foyer et la reprise par les hommes de leurs anciens postes, vue théorique qui ne tient nullement compte des pertes masculines sur les champs de bataille mais cherche à gommer les blessures morales et les humiliations subies par les soldats par un retour pur et simple à l’avant- guerre. Pourtant, le dépassement des frontières de sexes laisse des traces : les femmes ont acquis une autonomie, ont prouvé et se sont prouvé qu’elles n’étaient pas des êtres faibles et qu’elles pouvaient assumer responsabilités et travaux, qu’elles pouvaient mener de front activité salariée et vie familiale, tournant ainsi le dos au traditionnel cycle du travail féminin. En dépit de cette prise de conscience, les femmes rentrent au foyer, sans résistance. Ce consentement étonnant s’explique peut-être par une survalorisation de la maternité.
>Une différence des sexes accentuée :
>
Monuments aux morts, médailles posthumes, tombe du soldat inconnu… la France rend hommage au sacrifice des combattants ; de temps à autre, la silhouette d’une mère complète la statuaire à la gloire de l’homme, cet éternel soldat. La femme, elle, est mère; du reste, on lui invente alors une fête; la maternité est sa nouvelle mobilisation, réponse à l’impôt du sang versé par les hommes. Aussi les femmes ne seront-elles pas citoyennes.
En 1920, la Chambre dite « bleu horizon » vote la loi réprimant « la provocation à l’avortement et à la propagande anticonceptionnelle », elle sanctionne donc une intention et assimile avortement et mesures contraceptives.
Cette atmosphère explique le scandale que provoque en 1922 la parution du roman de Victor Margueritte, La Garçonne, lu par 20 % des Français et traduit en douze langues. Son héroïne, Monique Lerbier, cheveux courts et silhouette longiligne, refuse un mariage avec un fiancé qui la trompe, rompt avec sa famille, devient décoratrice et assume une liberté sexuelle qui passe par le plaisir lesbien, à la mode dans les années 20, et la vengeance sur les hommes. Mais Monique retrouve « le droit chemin » en épousant un ancien combattant. L’inversion des rôles, la confusion des genres déchaînent les hostilités de toutes parts, de la très catholique Ligue des pères de famille aux féministes qui défendent la féminité contre la masculinisation des femmes, en passant par une extrême droite particulièrement virulente. La gauche est, elle, divisée : elle défend la liberté d’expression mais critique le contenu du roman, les communistes réaffirment que la question des femmes sera résolue par la fin du capitalisme, seuls les syndicalistes révolutionnaires de la CGTU défendent La Garçonne.