Politique extérieure
Le legs de l’époque de Gorbatchëv
Retour à la détente
L’ère Gorbatchëv, cela avait été le retour à la détente, mais sans les illusions qui avaient marqué la détente des années 60 et 70 (pour l’URSS comme pour les ( )ccidentaux). Concrètement, c’était la baisse du budget militaire, la réduction des armements nucléaires, l’annonce par le vice-ministre des Affaires étrangères, a New York, le 15 décembre 1989, du retrait — à terme et indéterminé — de toutes les troupes stationnées à l’étranger (600 000 hommes) ! A la fin de 1989, la question devenue brusquement la plus importante, plus encore que l’Afghanistan ou la détente, c’était la réunification de l’Allemagne, dans laquelle l’URSS lit entendre une voix très pâle — malgré les conséquences considérables pour elle —, signe de son affaiblissement. L’URSS s’engage donc à la charnière des deux décennies sur la voie d’un accord entre les Grands et les deux Allemagne sur la réunification en 1990, tentant simplement de contrôler la réunification.
L’Afghanistan
L’intervention militaire soviétique se produisit le 27 décembre 1979, se soldant par une véritable occupation, avec un total de 120 000 hommes dès l’année suivante, mais aussi des pertes considérables (14 000 morts pour la seule armée soviétique) et un million de réfugiés. L’URSS eut en réalité deux buts successifs, d’abord la victoire militaire, puis, celle-ci apparaissant comme impossible la « mongolisation », faisant de l’Afghanistan une sorte de « seizième République ». La résistance à la présence soviétique se divisa en une véritable mosaïque de mouvements, de trois types principaux : les « fondamentalistes » sunnites, les « traditionalistes », les chiites. Mais l’Afghanistan représentait un poids mort et coûteux pour l’URSS de Gorbatchev : pour lui, il s’agit avant tout de ne pas faire un nouveau Vietnam, contre l’URSS cette fois-ci.
Gorbatchëv annonce 8 février 1988 que les troupes soviétiques se retireront d’ici à mars 1989 si les négociations pakistano-afghanes de Genève aboutissent à la fermeture de la frontière au ravitaillement de la résistance et si les États-Unis cessent leur aide. Puis, le mois suivant, qu’ils partiront même si l’accord n’est pas respecté. L’accord de Genève est signé, mais guère respecté. Un deuxième accord de Genève est passé en avril 1988 sur le retrait des troupes soviétiques par les Etats-Unis, l’URSS, le Pakistan et l’Afghanistan officiel. Les Soviétiques tien- lient K’ 111 engagement, clans les délais (et même un peu en avance), mais sans avoir obtenu de concession île la part de la résistance afghane. Toutefois, ils ont fait main basse en partant sur une partie des richesses archéologiques (en or) du pays ! Gorbatchev réussit l’opération de transformer une défaite militaire en un symbole du nouveau cours de la politique étrangère du Kremlin, contre la « doctrine Brejnev ». Et les combats continuent, entre Afghans, les Etats-Unis et l’URSS poursuivant leur aide à chacun des camps principaux.
Anciens et nouveaux ensembles
La fin du COMECON (CAEM)
Dès les 9 et 10 janvier 1990, lors de la réunion des 17 chefs de gouvernement membres du COMECON, alliance économique créée en 1949, et qui regroupe six pays d’Europe de l’Est, la Mongolie, le Vietnam et Cuba, le fonctionnement de l’organisation est très critiquée. Un an plus tard, en février 1991, il est procédé au remplacement du COMECON (ou CAEM, Conseil d’assistance économique mutuelle) par une Organisation de coopération économique internationale, qui ne vécut pas bien longtemps : le 28 juin 1991, le COMECON est officiellement dissout.
Les nouveaux ensembles
« Une nouvelle région est née, voilà trois ans, au nord-est de l’Europe. Russes, Norvégiens, Finlandais et Suédois se retrouvent dans le Conseil euroarctique de Barents. C’est dire qu’en République de Carélie, autrefois soviétique, les enjeux géopolitiques l’emportent sur beaucoup d’autres. I.a difficile transition vers l’économie de marché, l’implantation de centaines de joint- ventures et la catastrophe écologique, propres à l’ensemble de Pcx URSS, se conjuguent ici avec la guerre du renseignement et de la dissuasion nucléaire que se livrent toujours Moscou et Washington sous la banquise polaire. Témoin, le danger radioactif que font courir les brise-glace nucléaires contaminés du port d’Atomflot et les stocks de déchets des bases de sous-marins atomiques du fjord de Litsa. L’Arctique russe reste une zone clé dans l’affrontement transpolaire. De quoi justifier l’impatience des Scandinaves à toucher enfin les “dividendes de la paix”…
Le Conseil euro-arctique de Barents a été créé en janvier 1993, à l’initiative de la Norvège. Trois régions russes (la république de Carélie, les oblast de Mourmansk et d’Arkhangelsk), trois norvégiennes (Einmark, Troms, Nordland), une finlandaise (Lapland), et une suédoise (Norbotten Lan) forment son comité régional. Après l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Union européenne UE) en janvier 1995, les autorités caréliennes se découvrent de nouvelles ambi- rions .
Plusieurs régions et républiques périphériques de l’ex-Union Soviétique evendiquent ce rôle d’antichambre du futur marché intérieur russe, encore en station.
En Europe du Nord, la Carélie peut se prévaloir de quelques atouts :
paix sociale et stabilité politique. Lors du mouvement de dissidence des républiques autonomes russes en 1990 attisé par la Tchétchénie et le Tatarstan, la arélie est restée fidèle au centre fédéral. La Carélie n’échappe pas aux maux persistants de l’économie post-soviétique. L’économie de la Carélie repose en grande partie sur ses ressources fores- ::eres estimées à plus de 150 000 kilomètres carrés. Cette filière bois qui va du debardage aux produits finis représente plus de 50 % des exportations locales. Une récente campagne de boycottage des écologistes européens l’a frappée de rlein fouet.
La lutte contre la pollution transfrontalière avec la Russie est donc l’une des rrincipales priorités des autorités norvégiennes et finlandaises dans le cadre du ; nseilxuro-arctique de Barents. Avec la centrale nucléaire de Kola près de Poly- imy Zori, la flotte de brise-glace nucléaires dans la baie de Kola, la flotte du Nord sur le littoral arctique, et le chantier naval de Severodvinsk sur la mer I anche, la partie russe de la région de Barents abrite la plus forte concentration ie réacteurs nucléaires en activité du monde : 190 militaires et 17 civils. Entre le Goliath russe et le David norvégien, les relations bilatérales sont délicates. La Russie courtise ce “petit” pays de l’OTAN pour faire avancer ses vues iu sein de PAlliance atlantique sans avoir à passer par Washington. Le dialogue ;r.tre ces deux “voisins polaires” achoppe sur la redéfinition des eaux territoriales en merde Barents.
La redéfinition des alliances militaires en Europe du Nord est un casse-tête -rratégique pour les chancelleries occidentales. En adhérant à l’Union euro- ‘eenne, la Suède et la Finlande ont écorné leur statut de neutralité et bouleversé ; sacro-saint “équilibre nordique” qui avait assuré la stabilité de la Scandinavie -icc à l’URSS. Dans la nouvelle donne, le Danemark fait partie de l’Union européenne et de l’OTAN ; la Norvège, de l’OTAN, mais pas de l’UE ; la Suède et Finlande, de l’UE, mais pas de l’OTAN. De surcroît, l’Union européenne et ‘OTAN se posent en concurrentes pour veiller sur la sécurité du Vieux Continent, la première cherchant à accroître le rôle de l’Union européenne occidentale (UEO).
Actuellement, sur sa frontière commune avec les pays Scandinaves, la Russie . dispose d’une vaste fenêtre sur l’UE avec la Finlande (1 300 kilomètres), et [ d’une petite lucarne sur l’OTAN avec la Norvège (196 kilomètres). En cas j d’alignement de la Finlande, elle se retrouverait face à un front discontinu de l’Alliance atlantique de 1 500 kilomètres. Un véritable scénario catastrophe pour les stratèges russes, qui provoque d’intenses marchandages en haut lieu […] Entre la mer de Barents et la mer Baltique, l’Europe arctique cherche ainsi un ; nouvel équilibre géopolitique après la guerre froide. L’urgence écologique et les [ immenses ressources naturelles ont décuplé la coopération économique transfrontalière entre les pays scandinaves et la Russie. L’émergence d’un véritable * espace de sécurité collective dépendra largement des options militaires du I second mandat du président Boris Eltsine et de ses multiples dauphins. »
Vidéo : Politique extérieure
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