des origines à 1000 av. J.-C : L’économie de l’âge du bronze
Cette période fut pour l’essentiel celle de la formation des premiers empires marchands, en particulier celle des réseaux d’échanges mycéniens et phéniciens qui, les premiers, dominèrent la Méditerranée et façonnèrent son univers culturel. Les voyages maritimes ont évidemment commencé bien avant l’âge du bronze. Les fragments d’obsidienne de Milo retrouvés sur le continent, dans le sud de l’Argolide, témoignent qu’une certaine science de la navigation existait dès le Paléolithique, aux alentours de 7000 ans av. J.-C. Les vents qui soufflent en Méditerranée à la fin du printemps et durant l’été — en Egée, les vents étésiens — permettent une traversée facile de Crète jusqu’en Egypte en cinq jours seulement, comme l’atteste le récit d’Ulysse à Eumée, le fidèle porcher, au chant XIV de [’Odyssée.
Le cabotage a d’abord été sans aucun doute le mode de navigation le plus répandu, autant pour des raisons techniques que pour assurer le ravitaillement indispensable en eau douce. Les itinéraires maritimes étaient donc fixés en fonction des villages côtiers et des ports. Les vestiges d installations portuaires et d’agglomérations néolithiques, ainsi que l’analyse des distances et des vents, permettent de tracer trois grandes routes maritimes de l’Egée à l’Anatolie : une route septentrionale au départ de l’Attique, qui passe par Kea. Tinos. Mykonos, Ikaria et Samos ; une route centrale à partir de l’Argolide via les Cyclades ; une route méridionale enfin, via la Crète, puis d’île en île jusqu’à Rhodes. avant de rejoindre les côtes anatoliennes.
Le circuit le plus fréquent dans l’ancienne Méditerranée s’effectuait en sens inverse des aiguilles d’une montre : on allait d’Egée en Crète, puis en Egypte ; du Levant à Chypre, puis en Anatolie ; de là. on repartait vers les Cyclades, la Crète et l’Egée. D’autres routes régionales existaient de l’Egée en Italie ; de Crète en Egypte ; d’Egypte à Chypre ; de Chypre au Levant. qui admettaient quelques variantes : on pouvait par exemple se rendre d Egypte en Crète via la côte libanaise. Des restes de quais en pierre et des données archéologiques diverses recueillies sur les côtes confirment l’existence d’activités maritimes en Egée dès le Bronze ancien, les îles faisant office de relais pour les voyages au loin. Une telle pratique permettait la constitution de réseaux d’échanges régionaux ou locaux, autant qu’elle favorisait le commerce sur les longues distances.
Aucune trace d’embarcation égéenne de l’époque néolithique n’a pu être retrouvée, mais on en connaît en revanche de nombreuses représentations. Les plus anciennes, et de loin, semblent être les barques en plomb, de forme allongée, retrouvées à Naxos : elles datent du IIIemillénaire. On reconnaît la même silhouette sur les « poêles à frire », des vases plats en terre cuite retrouvés en Grèce, en Anatolie et surtout dans les Cyclades. De nombreuses représentations de barques allongées permettent de suivre les évolutions technologiques : l’embarcation à deux extrémités relevées est identifiable sur les sceaux et les céramiques minoens. Un fragment de jarre découvert à Egine, daté de l’helladique moyen (env. 3000 à 2000 av. J.-C.), est la seule représentation ancienne de marins en armes.
La comparaison avec les fresques de Théra suggère, d’après les lances brandies par les hommes, qu’il ne s’agit pas de soldats mais plutôt de pirates, équipés pour les combats sur les grèves. Ces fresques montrent neuf types différents d’embarcations sur la seule frise miniature du mur nord, ce qui conduit certains spécialistes à penser que la scène représente une procession religieuse. Que les peuples marins aient ou non attribué une dimension rituelle à leurs relations avec la mer et les puissances censées l’habiter, le fait est que ces embarcations étaient susceptibles d’affronter le large, comme l’atteste un texte de Mari qui mentionne un « Caphtorite » — autrement dit un Crétois — prenant livraison d’un chargement d’étain au port d’Ugarit à la fin du XVIIIesiècle avant notre ère.
Les informations sur les voyages maritimes et l’art de la navigation sont donc nombreuses. Techniques de construction, méthodes de navigation, routes maritimes, batailles navales : tout ce qu’il est possible d’en dire l’a été par l’historien S. Wachsmann. Les solutions très variées apportées aux problèmes d’architecture navale témoignent des différents niveaux de développement atteints par les sociétés de l’âge du bronze. Les données disponibles, y compris les sources écrites tardives, ont été interprétées dans la perspective d’un empire maritime minoen. Le concept de thalassocratie s’est imposé depuis les analyses de Thucydide à propos du roi Minos et de l’empire maritime qu’il a fondé. Dans ses Chronikoi Kanones, Eusèbe de Césarée, au IVe siècle de notre ère, évoque les puissances qui ont exercé l’hégémonie militaire et politique sur les différentes régions de la Méditerranée, durant l’âge du bronze récent et l’âge du fer, en énumérant seize autres thalassocraties. dont Rhodes, la Lydie, Chypre et la Phénicie. Le modèle de thalassocratie proposé par Thucydide a pourtant récemment été reconsidéré par les historiens, en partie du tait des découvertes archéologiques, en partie parce que l’idée d’un pouvoir politique pacifiant la mer pour laisser le champ libre aux marchands et aux affaires paraît s’inspirer trop directement de l’Athènes classique.
Dans les Cyclades, les traces d’influence minoenne sont nombreuses sur l’architecture, la céramique, les tombes, aussi bien que dans la religion. Les fortifications présentes sur nombre de ces îles — notamment à Melos. Keos et Egine — ont conduit des historiens à penser que les Cyclades avaient eu pour Jonction de protéger la Crète qui, elle, est dépourvue d’ouvrages fortifiés. En réalité, nous n’avons aucun moyen de savoir qui détenait le pouvoir dans ces îles et les fortifications peuvent aussi bien avoir eu pour fonction de protéger de petites principautés indépendantes contre la puissance crétoise. A la conception traditionnelle d’une « colonisation » minoenne des abords de la Crète, il vaut mieux préférer une approche qui place au premier plan les dimensions sociale et économique des échanges marchands.
Le circuit le plus fréquent dans l’ancienne Méditerranée s’effectuait en sens inverse des aiguilles d’une montre : on allait d’Egée en Crète, puis en Egypte ; du Levant à Chypre, puis en Anatolie ; de là. on repartait vers les Cyclades, la Crète et l’Egée. D’autres routes régionales existaient de l’Egée en Italie ; de Crète en Egypte ; d’Egypte à Chypre ; de Chypre au Levant. qui admettaient quelques variantes : on pouvait par exemple se rendre d Egypte en Crète via la côte libanaise. Des restes de quais en pierre et des données archéologiques diverses recueillies sur les côtes confirment l’existence d’activités maritimes en Egée dès le Bronze ancien, les îles faisant office de relais pour les voyages au loin. Une telle pratique permettait la constitution de réseaux d’échanges régionaux ou locaux, autant qu’elle favorisait le commerce sur les longues distances.
Aucune trace d’embarcation égéenne de l’époque néolithique n’a pu être retrouvée, mais on en connaît en revanche de nombreuses représentations. Les plus anciennes, et de loin, semblent être les barques en plomb, de forme allongée, retrouvées à Naxos : elles datent du IIIemillénaire. On reconnaît la même silhouette sur les « poêles à frire », des vases plats en terre cuite retrouvés en Grèce, en Anatolie et surtout dans les Cyclades. De nombreuses représentations de barques allongées permettent de suivre les évolutions technologiques : l’embarcation à deux extrémités relevées est identifiable sur les sceaux et les céramiques minoens. Un fragment de jarre découvert à Egine, daté de l’helladique moyen (env. 3000 à 2000 av. J.-C.), est la seule représentation ancienne de marins en armes.
La comparaison avec les fresques de Théra suggère, d’après les lances brandies par les hommes, qu’il ne s’agit pas de soldats mais plutôt de pirates, équipés pour les combats sur les grèves. Ces fresques montrent neuf types différents d’embarcations sur la seule frise miniature du mur nord, ce qui conduit certains spécialistes à penser que la scène représente une procession religieuse. Que les peuples marins aient ou non attribué une dimension rituelle à leurs relations avec la mer et les puissances censées l’habiter, le fait est que ces embarcations étaient susceptibles d’affronter le large, comme l’atteste un texte de Mari qui mentionne un « Caphtorite » — autrement dit un Crétois — prenant livraison d’un chargement d’étain au port d’Ugarit à la fin du XVIIIesiècle avant notre ère.
Les informations sur les voyages maritimes et l’art de la navigation sont donc nombreuses. Techniques de construction, méthodes de navigation, routes maritimes, batailles navales : tout ce qu’il est possible d’en dire l’a été par l’historien S. Wachsmann. Les solutions très variées apportées aux problèmes d’architecture navale témoignent des différents niveaux de développement atteints par les sociétés de l’âge du bronze. Les données disponibles, y compris les sources écrites tardives, ont été interprétées dans la perspective d’un empire maritime minoen. Le concept de thalassocratie s’est imposé depuis les analyses de Thucydide à propos du roi Minos et de l’empire maritime qu’il a fondé. Dans ses Chronikoi Kanones, Eusèbe de Césarée, au IVe siècle de notre ère, évoque les puissances qui ont exercé l’hégémonie militaire et politique sur les différentes régions de la Méditerranée, durant l’âge du bronze récent et l’âge du fer, en énumérant seize autres thalassocraties. dont Rhodes, la Lydie, Chypre et la Phénicie. Le modèle de thalassocratie proposé par Thucydide a pourtant récemment été reconsidéré par les historiens, en partie du tait des découvertes archéologiques, en partie parce que l’idée d’un pouvoir politique pacifiant la mer pour laisser le champ libre aux marchands et aux affaires paraît s’inspirer trop directement de l’Athènes classique.
Dans les Cyclades, les traces d’influence minoenne sont nombreuses sur l’architecture, la céramique, les tombes, aussi bien que dans la religion. Les fortifications présentes sur nombre de ces îles — notamment à Melos. Keos et Egine — ont conduit des historiens à penser que les Cyclades avaient eu pour Jonction de protéger la Crète qui, elle, est dépourvue d’ouvrages fortifiés. En réalité, nous n’avons aucun moyen de savoir qui détenait le pouvoir dans ces îles et les fortifications peuvent aussi bien avoir eu pour fonction de protéger de petites principautés indépendantes contre la puissance crétoise. A la conception traditionnelle d’une « colonisation » minoenne des abords de la Crète, il vaut mieux préférer une approche qui place au premier plan les dimensions sociale et économique des échanges marchands.
Vidéo : des origines à 1000 av. J.-C : L’économie de l’âge du bronze
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