Des australopithèques et des hommes
Les primates apparaissent à la fin de l’ère secondaire, il y a environ 70 millions d’années. Mais il faut attendre la dernière partie de l’ère tertiaire pour que des primates marchent debout. Ce sont des Hominidae (ou hominidés). D’après la génétique, dans notre «arbre généalogique », le rameau des bipèdes et celui des qua-drupèdes se seraient séparés depuis plus de 8 millions d’années. Les premiers hominidés connus sont très proches des premiers hommes.
Ils sont appelés Aus-tralopithèques, c’est-à-dire « singes du Sud », le Sud en question étant celui de l’Afrique. Ces premiers bipèdes ne figurent qu’en Afrique, surtout de l’Est et du Sud, et autour du lac Tchad.
Les australopithèques sont connus depuis la décou-verte de l’enfant de Taung, en Afrique du Sud, par Raymond Dart. Ils sont essentiellement classés en trois groupes : les australopithèques « anciens » (de plus de 3 millions d’années), les australopithèques « graciles » et les australopithèques « robustes ».
Les australopithèques anciens
Il est possible de regrouper ici deux espèces particulièrement anciennes. Les restes d’individus d’une espèce baptisée Australopithecus anamensis furent découverts récemment sur les bords du lac Turkana. Il s’agit d’un ensemble d’ossements de primates qui auraient pu être parfaitement bipèdes. Us dateraient de plus de 4 millions d’années. L’australopithèque le plus connu est sans aucun doute « Lucy ». Il s’agit de restes d’un même squelette, trouvés dans le Territoire des Afars en Ethiopie par une mission franco-américaine dirigée par Donald Johanson et Yves Coppens. Lucy fait partie de l’espèce Australopithecus afarensis qui vivait il y a 4 à 3 millions d’années. Ces hominidés mesuraient un peu plus d’un mètre, avaient un crâne d’un volume interne de 400 centimètres cubes, des bras proportionnellement plus longs que ceux des hommes actuels, et des mâchoires proéminentes. C’est probablement de ce groupe (afarensis ou anamensis) qu’il convient de rap¬procher les spécimens découverts en 1995 au Tchad par l’équipe du professeur Brunet.
Il faut sans doute rapprocher les spécimens découverts au Tchad (Australopithecus bahrelghazali) par l’équipe du professeur Brunet des australopithèques les plus proches de l’homme (probablement anamensis).
Lucy
Lucy fut découverte par Yves Coppens et Donald Johanson lors de la série de campagnes de fouilles menée dans le Territoire des Afars en Ethiopie, et plus particulièrement sur le site de Hadar, découvert par Maurice Taïeb. Il s’agit d’un squelette en assez bon état de conservation. Des parties de tout le corps sont présentes.
Lucy est d’assez petite taille : de 1,20 à 1,25 mètre. Elle fait partie de l’espèce Australopithecus afarensis. La bipédie ne semble pas maîtrisée complètement : certes, Lucy marchait debout, mais le gros orteil était détaché de l’ensemble des autres et, lors de son déplacement bipède, elle devait manifester une importante rotation du bassin, peut-être de l’ordre de 40 à 45°. La forme générale de son bassin en ferait un individu du sexe féminin. Il semble qu’il faille chercher l’ancêtre des hommes modernes dans l’espèce Australopithecus anamensis plutôt que chez Lucy et les siens.
Les restes de Lucy, qui sont datés de 3,5 millions d’années au moins, étaient associés à un grand nombre de restes de mammifères. Les pierres aménagées égale-ment trouvées dans les formations de Hadar semblent ne dater que de 2,4 millions d’années, et ne peuvent donc être associées à Lucy. Ce sont toutefois les plus anciens témoins d’activités de taille trouvés en stratigraphie.
Les Australopithecus afarensis font partie des australopithèques anciens découverts avec les restes A’Australopithecus anamensis, et ceux de quelques Australopithèques indéterminés qui pourraient dater de plus de 6 millions d’années. Des traces de pas trouvées par Mary Leakey sur le site de Laetoli en Tanzanie sont sans doute des témoins de déplacements de certains de ces australopithèques des Afars, il y a 3,8 à 3,6 millions d’années. De nombreux restes d’australopithèques furent découverts à Laetoli. Mais tous les spécialistes ne sont pas d’accord pour en faire des Australopithecus afarensis, comme Lucy.
Les australopithèques graciles
Les australopithèques graciles de l’espèce Australo-pithecus africanus ont vécu entre et 1,2 million d’années. Ils sont plus grands que leurs prédécesseurs, 1,25 mètre sans doute, et ont un cerveau atteignant 500 centimètres cubes. Leurs mâchoires proéminentes et leurs dents témoignent d’un régime omnivore. Ils ont vécu aux côtés des autres australopithèques et des premiers hommes, sans toutefois qu’il en résulte un problème de concurrence.
Les australopithèques robustes
Ce sont les plus récents des australopithèques. Ils vivaient entre 2,5 et 1 million d’années. De grande taille, 1,40 mètre environ, Australopithecus robustus possédait une crête sagittale d’insertion musculaire pour ses puissants muscles masticateurs de végétarien strict. Il avait un bourrelet au-dessus des yeux assez développé (torus sus-orbitaire). Sa face était très large et ses mâchoires très projetées vers l’avant.
Il est difficile de savoir lequel ou lesquels de ces australopithèques sont nos ancêtres. Il semble qu’Australopithecus robustus soit trop spécialisé, et de surcroît trop récent, pour pouvoir être notre ascendant. Mais les autres peuvent très bien avoir évolué l’un vers l’autre, ou l’un d’eux vers l’homme. Aujourd’hui, Australopithecus anamensis tout comme Australopithecus africanus doivent être considérés comme des possibles ancêtres de notre genre humain.
Vidéo : Des australopithèques et des hommes
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