Évolution sémantique: évolution sémantique
Les mots changent de sens. Certains sens disparaissent, d’autres apparaissent. Parfois le mot s’enrichit d’un sens nouveau tout en conservant le sens ancien ; parfois aussi le sens ancien disparaît au profit d’un sens nouveau. Avec l’apparition des nouvelles connaissances, les mêmes mots sont utilisés dans des disciplines très différentes dans lesquelles ils ont égale ment des sens différents, parfois très précis. Un bon exemple d’évolution du sens d’un mot au cours des siècles est celui du verbe guérir. Aujourd’hui, guérir cela signifie délivrer quelqu’un d’une maladie (ou être soi-même délivré d’une maladie). Le sens de ce mot ne pose aucun problème. Pourtant… Si on lit un ouvrage du 12e siècle, on est très surpris de rencontrer ce mot dans certaines phrases qui n’ont rien à voir avec la santé. Ceci résulte du fait qu’à l’époque ce verbe (qui vient d’un verbe allemand) signifiait tout simplement garantir, protéger. Ce n’est qu’un siècle plus tard que ce verbe entra dans la sphère de la médecine remplaçant, par la même occasion, le verbe saner[éu latin sanare), lequel a disparu laissant cependant quelques rejetons tels les mots sain, santé.
Un autre bel exemple d’évolution est celui du mot libertin. Dans son petit ouvrage intitulé Pathologie verbale ou Lésions de certains mots dans le cours de l’usage, Émile Littré, à l’article Libertin, écrit « dans le seizième siècle, premier moment où libertin fait son apparition parmi nous, ce mot désigne uniquement celui qui s’affranchit des croyances et des pratiques de la religion chrétienne. (…) Ce sens a duré tout le dix-septième siècle ; aujourd’hui il est aboli ; et il faut se garder, quand on lit les auteurs du temps de Louis XIV, d’y prendre ce vocable dans l’acception moderne ».
Quelquefois aussi l’évolution du sens se marque par le changement du genre du mot. Ainsi, un nouveau-né se dit un nourrisson mais l’ancienne langue avait aussi la nourrisson, qui signifiait la nourriture. Le nombre de mots français actuels disposant des deux genres – et, dès lors, de deux significations – n’est pas rare. Les mots ayant perdu tout lien avec leur sens originel son nombreux et ce n’est pas le lieu, ici, d’en dresser la liste. Contentons-nous, pour la clôturer, de signaler le mot viande (\u\ jusqu’à la moitié du 17e siècle désignait tout aliment qui sert à entretenir la vie. Ainsi, Madame de Sévigné pouvait parfaitement désigner comme viandes une salade de concombres et des cerneaux.Évolution sémantique