Hommes et femmes, corps et âmes : Femmes
Officiellement, la quatrième Confèrence mondiale sur les femmes, à Pékin, poursuit deux objectifs : dresser un bilan de la décennie écoulée depuis la conférence de Nairobi de 1985 et adopter une plate-forme d’action pour les cinq ans à venir afin de répondre aux problèmes les plus préoccupants. Mais la réunion se tient à une époque marquée par une offensive sans précédent, à la fois idéologique et concrète, contre les droits acquis par les femmes.
Ainsi, sur bien des points, la plate-forme d’action qui doit être adoptée à Pékin risque de se situer en retrait par rapport aux textes adoptés dix ans auparavant à Nairobi et de s’opposer à l’esprit de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, un texte de référence malgré son inefficacité .
Après l’Année internationale de la femme en 1975 et sous la pression des associations féministes, PONU déclarait que la décennie 1975-1985 serait celle de la promotion de la femme. En 1980, à l’occasion de la conférence de Copenhague t chargée d’évaluer les progrès réalisés à mi-parcours, le Bureau international du § travail rendit publiques quelques statistiques concernant la situation des femmes s et les résuma ainsi : “Les femmes représentent la moitié de la population du 1. monde, constituent le tiers de la main-d’œuvre, disposent de 1/10 des revenus, ° de 1/100 des propriétés, et 2 illettrés sur 3 sont des femmes.” Mais l’élan 1 pris à Nairobi tourna court. Le maigre bilan établi par les Nations unies ne peut 5 que souligner la fragilité des progrès réalisés depuis dix ans. Le tout récent § Rapport mondial sur le développement humain, consacré notamment aux femmes, | relève certaines avancées : entre 1970 et 1990, leur espérance de vie a augmenté J de 20 % plus vite que celle des hommes tandis que leur alphabétisation est passée de 54 % de celle des hommes à 74 %. Des progrès ont été réalisés aussi dans le domaine de l’enseignement secondaire et supérieur. Mais on est toujours loin du ompte. “La pauvreté, écrivent les rapporteurs, a un visage de femme.”
Mais c’est dans le domaine politique que la persistance de préjugés fonde ‘organisation sociale inégalitaire la plus voyante. “Le domaine politique apparient à tous les citoyens, note le Rapport mondial sur le développement humain, nais les hommes le monopolisent. Bien que les femmes constituent la moitié de ‘électorat, elles ne disposent que de 10 % des sièges au sein des Parlements et de i % des fonctions ministérielles dans le monde.”
Enfin la multiplication des conflits armés dans les années 90 fait aussi peser de Louvelles menaces. Selon les Nations unies, les populations civiles représentent ujourd’hui 80 % des victimes de ces conflits (contre respectivement 5 % et 50 % )rs des deux guerres mondiales), essentiellement des femmes et des enfants. Le iol systématique utilisé comme moyen de “purification ethnique” n’est pas le seul lit du conflit en ex-Yougoslavie. Et pourtant, qu’elles soient menées par des itats, des groupes armés, ou au nom de pratiques culturelles, la persécution et les iolences contre les femmes ne sont pas un motif reconnu par les conventions de icnève relatives aux réfugiés. Pourtant, les gouvernements européens ont accepté, au nom du réalisme” que le texte final de la conférence de Pékin ne comporte ucune référence aux viols de guerre comme actes de terrorisme, de torture et de énocide.
Dans les pays développés, le laisser-faire des Etats et le retour de bâton qui a aivi l’apogée des mouvements féministes au milieu des années 80 mettent en éril certains droits jusqu’alors considérés comme des acquis, comme celui du roit à l’avortement et à la contraception. De même, le passage progressif d’une otion d’égalité à une notion d’équité — et de parité à celle de partenariat — :flète l’offensive idéologique d’un libéralisme triomphant »
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