La morphologie des langues
L’étude de la forme des mots (ou morphologie) est relativement récente car elle ne date que du 19e siècle. En effet, c’est à ce moment que des grammairiens allemands et français ont postulé (à partir d’éléments très concrets) l’origine commune des langues. Il leur est, en effet, apparu que dans la plupart des langues européennes certains mots étaient très proches, avaient une morphologie similaire. De là est née l’hypothèse d’un groupe de langues (les langues européennes mais aussi le sanscrit) qui aurait pour origine commune une langue hypothétique qu’on a appelé indo-européenne puisqu’elle aurait été parlée en Inde et en Europe. Les diverses langues parlées en Europe, dont le grec et le français, auraient ainsi été formées à partir d’éléments de cette langue. Ces éléments sont appelés des morphèmes et constituent la partie irréductible d’un mot, son unité significative minimale. La plupart des morphèmes n’ont pas plus de trois ou quatre lettres mais certains sont réduits à une seule lettre (comme, par exemple, la lettre « a » qui désigne l’absence dans le mot acéphale, c’est-à- dire sans tête). Dans cet ouvrage il ne sera question que des morphèmes grecs qui sont utilisés dans la langue française pour former des mots dans le langage quotidien et, surtout, dans le langage savant. Bien entendu, la langue française ne se contente pas des seuls morphèmes grecs et utilise également des morphèmes provenant du latin, des langages germaniques, des autres langues romanes, etc.Cette seule étude des morphèmes grecs nous permettra déjà d’aller très loin dans la compréhension des mots et dans la formation de néologismes. Il est utile de savoir que dès le 19e siècle et jusqu’à aujourd’hui les morphèmes grecs sont très formateurs pour la création de mots non seulement dans le langage scientifique mais aussi dans celui des nouvelles technologies. Ainsi, aussi bien en informatique que dans les techniques audiovisuelles, la plupart des néologismes sont formés à partir de morphèmes grecs. Sans le savoir, l’honnête homme « branché » du 21e siècle utilise de nombreux mots formés à partir de la langue grecque : il baigne en quelque sorte dans un environnement linguistique grec. Cependant, pour la recherche étymologique d’un mot, se contenter des seuls morphèmes grecs est insuffisant car cela aboutit parfois à des non-sens (les savants qui ont créé les néologismes n’étaient pas toujours de fin linguistes et puis, aussi, le mot a parfois changé de sens au cours des âges) et parfois aussi à des explications tronquées. Le linguiste doit donc s’intéresser également à l’étymologie des mots « source », qu’ils proviennent du grec, du latin ou d’autres langues anciennes. Cette étude, très spécialisée, dépasse naturellement le cadre de ce petit volume et il n’en sera pas question ici. Nous voulions cependant attirer l’attention du lecteur sur la nécessité parfois de remonter au-delà du seul morphème grec pour expliquer l’étymologie d’un mot qui résiste à toute analyse. Ainsi, grâce à la morphologie historique il devient possible d’expliquer de nombreux cas résiduels. Il existe, le lecteur s’en doute, des spécialistes ainsi que des ouvrages savants qui traitent de l’étymologie de la langue grecque.des morphèmes