Les animeaux sortent de l'eau
Le scénario généralement admis pour expliquer la sortie de l’élément aquatique des animaux est étroitement lié à la paléogéographie dévonienne.
La formation de la Laurussia aurait dégagé de vastes aires semi-marines, semi continentales (lagunes, marais maritimes, etc.) et ces milieux saumâtres du Continent des Vieux Grès Rouges (autre appellation de la Laurussia) auraient été colonisés par une faune variée capable de supporter des assèchements temporaires (à l’instar des dipneustes actuels, les « poissons à poumons » d’Afrique, d’Australie et d’Amérique du Sud, qui se réfugient dans un cocon de mucus lorsque leu mare s’asséche). Certaines formes se seraient progressivement affranchies du milieu aquatique pour coloniser le milieu terrestre où prospérait déjà une abondante végétation.
Pour ce qui est de la chimie de l’atmosphère, on considère généralement que l’activité photosynthétique des végétaux avait alors permis le développement de la couche d’ozone.Celle-ci, arrêtant les rayons ultraviolets, autorise une vie « au soleil ».
C’est grâce à ces conditions exceptionnellement favorables qu’un grand nombre de groupes zoologiques auraient pu partir à l’assaut de la terre ferme au cours du Dévonien.
On les retrouve dans l’ordre chronologique de leur apparition dans les couches géologiques, précédés par des précurseurs de la fin du Silurien faisant partie d’un discret petit groupe d’arthropodes : les myriapodes (plus précisément les diplopodes ou mille pattes…).
Au début du Dévonien, ce sont les acariens qui apparaissent, en compagnie des collemboles (petits insectes aptères) et des araignées (qui seront les premiers carnivores terrestres).
A la fin du Dévonien arrivent les scorpions, les insectes ailés, les gastéropodes et les premiers vertébrés. Ces derniers (incidemment, nos lointains ancêtres) sont des amphibiens ; ils sont issus de poissons d’eau douce particuliers, proches des dipneustes actuels. Les plus anciens fossiles connus de ces amphibiens primitifs ont environ 370 millions d’années, comme Ichthvostega, découvert au Groenland. C’était un tétrapode (un vertébré à 4 pattes) qui conservait encore de nombreux carac-tères de ses ancêtres poissons, comme la présence d’une nageoire caudale soutenue par des rayons. Ichthvostega (qui possédait sept doigts à la patte arrière) et ses cousins devaient avoir un mode de vie largement amphibie. Ces animaux massifs étaient bien différents des grenouilles et sala-mandres actuelles, mais ils partageaient de nombreuses caractéristiques avec elles, comme la présence d’un stade larvaire et d’une métamorphose (on en connaît quelques « têtards » fossiles au Paléozoïque). Le fait qu’ils pondaient leurs œufs dans l’eau, ainsi que leur biologie, les contraignaient à ne guère s’éloigner des cours d’eau.
Avec eux, en tout cas, une partie de notre groupe zoologique s’est affranchie du milieu marin.