Les homo erectus dans le monde
Les plus anciens représentants du groupe des Homo erectus furent découverts sur les bords du lac Turkana au Kenya par Richard Leakey. Les Homo erectus dérivent sans doute des premiers hommes, les Homo habi- lis. Ils sont néanmoins plus grands (avec des tailles de l’ordre de 1,60 à 1,80 mètre) et ont une capacité crânienne nettement plus développée. Les plus anciens Homo erectus connus datent d’environ 1,8 million d’années, et leur capacité crânienne est de l’ordre de 800 centimètres cubes.
Caractéristiques des homo erectus
Les Homo erectus possèdent un fort bourrelet au dessus des yeux (torus sus-orbitaire), le front est étroit, fuyant et plat, l’arrière de la tête est étiré et forme un chignon. La plus grande largeur du crâne se trouve au niveau des pommettes, qui sont saillantes. Les dents sont fortes, mais possèdent les mêmes caractéristiques que les dents humaines actuelles. La mâchoire infé¬rieure ne présente pas de triangle mentonnier. Les mâchoires sont fortement avancées (prognathisme). Le squelette est semblable à celui d’un homme actuel – en plus robuste – et la musculature est très puissante.
Connus d’abord en Afrique de l’Est, les Homo erectus sont les premiers à quitter ce « berceau de l’humanité » pour se répandre dans toute l’Afrique, en Europe, en Asie et en Indonésie. Les routes migratoires et la durée des déplacements demeurent énigmatiques. Pour l’Europe par exemple, plusieurs hypothèses sont en présence : passage par Gibraltar, par la Sicile et l’Italie, ou encore par l’Europe orientale. Cette occupation européenne débute il y a environ 1,8 à 1,5 million d’années. Toute l’Europe est colonisée par Homo erectus, à l’exception sans doute de l’Europe du Nord. Pour ce qui est de l’Asie, les traces de présence des Homo erectus se retrouvent en Chine et en Inde.
Les Homo erectus forment un groupe assez homo¬gène, avec toutefois des tendances locales. Leur évolu¬tion générale montre un développement cérébral atteignant une capacité crânienne supérieure à 1 200 centi¬mètres cubes. De grande taille, ayant acquis une bipé- die parfaite et des proportions corporelles très voisines des nôtres, Homo erectus n’a plus guère de ressemblances avec ses ancêtres australopithèques.
Deux vues d’Homo erectus KNMER 3733 provenant de Koobi Fora, au Kenya
Les homo erectus européens
Les Homo erectus européens présentent un très gros bourrelet au-dessus des yeux, aminci au-dessus du nez, une face très large, des mâchoires très avancées, un fort rétrécissement à l’arrière des yeux, un crâne très tiré vers l’arrière et une sorte de chignon osseux dans la région occipitale. Ces caractères semblant préfigurer ceux des hommes de Neandertal, les Homo erectus européens sont parfois qualifiés d’anténéandertaliens. Les premiers Européens sont de mieux en mieux connus. La mandibule trouvée à Mauer, en Allemagne, date d’environ 650000 ans et était considérée, depuis 1907, comme le plus ancien fossile humain européen. Depuis, des fossiles plus anciens furent découverts en Angleterre, en Italie, en Espagne et en Géorgie orien¬tale (mandibule de Dmanissi). Ces découvertes font remonter la présence humaine en Europe aux environs de 1,8 million d’années, c’est-à-dire au tout début de l’espèce des Homo erectus.
La face de l’homme de Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, est la plus ancienne actuellement connue en Europe (450000 ans). D’autres restes humains anténéandertaliens ont été trouvés à Montmaurin en Haute-Garonne, à Biache- Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais, au Lazaret à Nice, à Atapuerca en Espagne, à Swanscombe en Angleterre ou encore à Vertesszôllôs en Hongrie. Les Homo erectus vivaient dans des grottes (Tautavel) ou dans des huttes (Terra Amata, Nice).
Les hommes de java
Les hommes de Java, en Indonésie, furent les premiers Homo erectus découverts. En 1891, lors d’une mission dans les alluvions de la rivière Solo, Eugène Dubois découvrit un certain nombre de fossiles qu’il identifia alors comme le chaînon manquant évolutif entre le singe et l’homme. Il baptisa l’espèce «Pithécanthrope » (de pithèque, singe, et anthropos, homme) et, remarquant que cet être marchait debout, ajouta l’adjectif erectus.
Ainsi naquit le Pithecanthropus erectus, ou homme-singe dressé. Aujourd’hui, ces fossiles ont été reclassés : l’espèce javanaise s’appelle Homo erectus comme en Afrique, en Asie ou en Europe, et on la qualifie de paleojavanicus, soit « ancien habitant de Java ». De plus, aujourd’hui, nous savons que l’homme ne descend pas du singe et qu’il n’y a donc pas de chaînon manquant. Les hommes et les singes ont sans doute de très anciens ancêtres communs.
Plusieurs sites livrèrent les restes de ces hommes que les préhistoriens continuent d’appeler « Pithécanthropes de Java». Sur le site de Sangiran, des restes datés de 1 million d’années à 700000 ans sont associés à une industrie proche de l’Acheuléen. La faune confirme l’âge ancien de ce site.
D’autres sites furent étudiés depuis la fin du xixe siècle, comme celui de Ngandong ou celui de Trinil sur les terrasses de la rivière Solo. C’est à Trinil qu’Eugène Dubois découvrit une calotte crânienne, des dents isolées et des fémurs. Ces vestiges ont un âge compris entre 900000 et 700000 ans. Le site de Ngan- dong livra onze calottes crâniennes et une faune abon¬dante. Il s’agit sans doute des plus récents Homo erec- liis découverts à Java et leur capacité crânienne est comprise entre 1 000 et 1 250 centimètres cubes.
Les Homo erectus paleojavanicus sont des Homo crectus assez évolués qui présentent une face très large et très puissante dont la partie basse est très projetée vers l’avant, un très gros bourrelet au-dessus des yeux, un front plat et fuyant et un crâne très étiré vers l’ar¬rière. Ils ressemblent beaucoup aux anténéandertaliens européens.
L’outillage acheuléen
L’outillage des Homo erectus est appelé acheuléen. Ce nom est lié à celui du site de Saint-Acheul dans la vallée de la Somme, où Gabriel de Mortillet décrivit, en 1872, une industrie ancienne à bifaces. Par extension, tous les outillages à bifaces, puis tous les outillages liés aux Homo erectus furent appelés « acheuléens ».Il existe plusieurs types de cette industrie. Ainsi définit-on un Acheuléen africain et plusieurs phases d’Acheuléen européen.
En fait, les fouilles récentes montrent qu’il ne faut pas considérer ce type d’outillage en fonction des bifaces car ils sont rares. Mais les fouilleurs du siècle dernier n’employant pas les méthodes des chercheurs actuels, et le ramassage des objets étant beaucoup moins systématique, les bifaces semblaient nombreux et leur rôle directeur paraissait important. Les fouilleurs, en effet, récupéraient surtout les beaux objets de grande taille. Aujourd’hui, les objets de petite taille et de mauvaise facture font aussi partie de la collecte. Aussi, en proportion, les bifaces sont plutôt rares et l’industrie acheuléenne est surtout caractérisée par le micro-outillage, c’est-à-dire par les outils sur éclats.
Ces outils sur éclat sont assez peu uniformes. En effet, la facture des objets dépend de la technique de taille, mais aussi des matériaux utilisés. Or, durant le Paléolithique ancien et moyen en Europe, les hommes ne taillèrent pas uniquement du silex et l’allure des outils s’en ressent.
La préhistoire du feu
Si les hommes apparurent il y a 2 500000 ans dans les savanes d’Afrique de l’Est, le feu ne fut que très tardi-vement maîtrisé. Les premières traces’de feu attestées, en effet, ne datent que de 380000 ans environ. Les pre¬miers sites témoignant de l’usage du feu sont Terra Amata, à Nice, Zhoukoudian, en Chine, et Vertess- zôllos, en Hongrie. Les techniques pour faire le feu sont variées, mais il est impossible de savoir comment les premiers hommes le domestiquèrent. Incendies, foudre et volcans ont pu permettre aux hommes de récolter du feu, mais on ne sait toujours pas précisément à quoi l’utilisaient les hommes préhistoriques.
Les premiers utilisateurs du feu étaient des Homo erectus. Peut-être pratiquaient-ils la percussion d’un morceau de silex sur un bloc de pyrite ou de marcas- site. L’étincelle produite est assez forte et assez chaude pour embraser un combustible tel que l’amadou, tiré de champignons parasites des troncs d’arbre. Ce type de briquet pourrait dater du Paléolithique supérieur (Laus- sel, Dordogne). Contrairement aux idées reçues, il est impossible de faire du feu en frottant deux morceaux de silex l’un contre l’autre, les étincelles n’étant ni volatiles ni chaudes.
En faisant tourner une baguette (éventuellement avec un archet) sur une planchette dans laquelle une encoche a été aménagée, la sciure plus ou moins carbonisée se dépose dans l’encoche et s’y accumule avant de s’embraser à la chaleur. Avec la braise ainsi obtenue et ventilée, il est facile d’enflammer de l’herbe sèche. Cette deuxième méthode, mise en valeur par l’ethnologie, n’est pas attestée dans la préhistoire ancienne et daterait du Mésolithique (12000 ans avant le présent) ou du Néolithique.
L’ethnologie nous enseigne d’autres méthodes pour obtenir une braise, telles la scie à feu ou la charrue à feu qui résultent toutes deux du même principe de fric¬tion forcée de deux morceaux de bois, ou encore le pis¬ton à feu, qui embrase de l’amadou disposé dans de l’air qu’un piston comprime, et donc échauffe. Aucune de ces méthodes n’est attestée dans la préhistoire ancienne.
Les rites funéraires
Aucun Homo erectus n’ayant jamais été trouvé dans une structure funéraire, aucune sépulture ne peut donc être mise en évidence, ni aucune pratique rituelle prouvée. Il est ainsi très difficile de parler des rapports qu’entretenaient les Homo erectus avec la mort; tout juste peut-on évoquer leurs rapports avec certains de leurs morts. En effet, certains restes (à Tautavel par exemple) portent des traces laissées par des outils, ce qui indiquerait que ces hommes ont subi une découpe. Si cela était avéré, ce serait bien sûr un fort indice de cannibalisme.
Vidéo : Les homo erectus dans le monde
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