Les premiers empires marchands : L’agriculture naît au Levant
Les fleuves ont constitué des moyens de transport naturels — Strabon, l’historien et géographe grec, l’avait bien compris —, or les cours d’eau méditerranéens donnaient accès au réseau de grands fleuves européens comme le Danube et le Rhin. Ce n’est donc pas un hasard si des objets égyptiens et crétois ont été découverts jusqu’en Europe centrale. Même si les vallées fluviales n’ont pas toujours été les principaux vecteurs du trafic commercial, le Danube, comme le pensait Clark, a joué un rôle déterminant dans les contacts noués entre l’Orient et l’Occident avant que la Méditerranée ne devienne entre eux le lien essentiel. Cette période, qui a duré vingt-cinq mille ans, a commencé voilà trente ou trente-cinq mille ans pour prendre fin il y a huit ou dix mille ans seulement.
Une phase aussi longue de l’histoire des hommes, et aussi complexe, ne peut pas être résumée en quelques lignes, au risque de laisser penser qu’aucune mutation culturelle n’est intervenue pendant tout ce temps. Des sites archéologiques découverts en Israël n’en ont pas moins révélé une culture de l’âge de la pierre proche ce celle de La Méditerranée occidentale à la même époque : le crâne de l’homme de Galilée et les squelettes trouvés sur le mont Carmel sont très similaires à ceux des hommes et des femmes dont les ossements ont été découverts en Méditerranée occidentale, C’est d’ailleurs à Gibraltar que fut découvert en 1848 le premier crâne fossile d’homme de Neanderthal — mais la « femme de Gibraltar » passa dans un premier temps inaperçue.
L’homme de Neanderthal est lié pour l’essentiel à l’âge glaciaire : il s’agit d’un type d’hominidé adapté au rude climat que l’Europe a connu au cours du Paléolithique supérieur, mais qui a montré moins d’inventivité que les humains qui, pacifiquement ou non, l’ont supplanté. Ces derniers furent les peintres des magnifiques grottes de Lascaux, d’Altamira, dans le nord de l’Espagne, et de beaucoup d’autres sites préhistoriques. Nous savons que ces populations se sont répandues en Italie, en Espagne et en Grèce, mais nous ignorons encore tout de la langue qu’elles parlaient et du processus au terme duquel elles se sont divisées en différents groupes ethniques.
La « révolution néolithique », conçue en général comme le processus de domestication des plantes et des animaux, s’est en réalité développée sur plusieurs milliers d’années : elle a commencé au paléolithique pour culminer, d’après les données dont nous disposons, vers 10000 à 7000 av. J.-C., avec la fondation de villages d’agriculteurs en Asie du Sud-Est. Les recherches archéologiques nous réservent encore, sans aucun doute, bien des surprises : les données à rassembler sont disséminées du Zagros à l’Anatolie centrale, dans tout le Croissant fertile et le Moyen-Orient. Elles sont encore en cours d’identification, en particulier au Moyen-Orient et en Anatolie. Ainsi, le site exceptionnel de Çatal Hoyük, qui avait fait l’objet d’une campagne de fouilles dans les années 1960, a-t-il été réouvert : une équipe d’archéologues britanniques, américains et turcs y poursuit actuellement les fouilles.
Nous ne savons pas quel usage les hommes du Néolithique faisaient des ressources de la mer. Il est probable qu’ils tentaient de compenser les maigres récoltes et le manque de gibier, durant les périodes de sécheresse notamment, par l’importante ressource alimentaire que constituait le thon, abondant en mer Noire comme en Méditerranée — en dépit des difficultés que présente la pêche de ce poisson. Mais ils utilisaient. Certains historiens pensent qu’elles devaient ressembler à la papirella qui existe encore à Corfou : il s’agit d’une barque de joncs tressés, sur laquelle cinq passagers ont effectué en 1988, à titre de démonstration, la traversée du Laurion, dans le sud-est de l’Attique, jusqu’à l’île de Milo. D’autres spécialistes évoquent des radeaux soutenus par des outres de peau gonflées.
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