La france et la crise du golfe
Paul-Marie de la Gorce ajoute que « la crise du Golfe a été conduite par les Etats-Unis comme ils l’entendaient, au rythme qu’ils voulaient et avec les résul tats qu’ils recherchaient dès l’origine. Leur prépondérance absolue a été claire ment établie sur la région, à l’exclusion de toute autre influence, celle de l’Union Soviétique d’abord, celle des pays européens aussi. »2 Quelle fut la conduite de la France dans la crise du Golfe de 1990-1991 ? La France a participé activement à la riposte internationale, cela a posé aux Français, opinion publique et décideurs, des problèmes.
Le 9 août 1990, Mitterrand demande, à l’issue d’un conseil restreint réuni à l’Elysée, que soit rétabli « le droit international violé par l’Irak ». Sans s’associer à la « force internationale » proposée par George Bush, il annonce l’envoi vers le Golfe du porte-avions Clemenceau, gréé en porte-hélicoptères, avec 1 800 hommes à bord. La position française est approuvée par la plupart des dirigeants politiques, à l’exception de Le Pen, qui prend la défense du nationalisme irakien et dénonce l’engagement « dans une aventure inconsidérée ».
Le 21, Mitterrand annonce à l’issue d’un conseil restreint la convocation le 27 du Parlement en session extraordinaire. Constatant que c’est la « logique de guerre » qui l’emporte et jugeant « intolérable » la prise en otage de ressortissants étrangers, dont 560 Français, il décide d’accroître l’aide militaire aux pays menacés dans le Golfe, ce qui aboutit à faire du déploiement français le plus important après celui des Etats-Unis. Le 27 août 1990, le Parlement est réuni en session extraordinaire à propos de la crise du Golfe. L’opposition de droite approuve la fermeté de François Mitterrand, qui n’est critiqué, toujours, que par Jean-Marie Le Pen.
Le 1er et le 3 septembre 1990, Mitterrand reçoit à l’Elysée les principaux responsables politiques, sauf Le Pen. La fermeté du chef de l’Etat est approuvée par la plupart d’entre eux, ainsi que par l’opinion, comme le montrent les sondages. Le 15, la France envoie en Arabie Saoudite plus de 4 000 soldats, avec des chars, des hélicoptères et une trentaine d’avions de combat. L’opération, baptisée « Daguet », est la plus importante depuis la guerre d’Algérie. D’autre part, Paris saisit le Conseil de Sécurité et demande l’extension de l’embargo au trafic aérien. Enfin, quarante Irakiens, dont onze diplomates, sont expulsés.
Les 3 et 4 octobre 1990, Mitterrand est le premier chef d’Etat occidental à se rendre dans le Golfe depuis le début de la crise. Il s’entretient avec les dirigeants des Emirats arabes unis et d’Arabie Saoudite avant de rendre visite aux troupes françaises à Yanbu. Le 17, la France décide le prochain départ de renforts en Arabie Saoudite pour mieux garantir l’autoprotection du dispositif « Daguet ». Tandis que les forces françaises s’éloignent un peu plus de la frontière koweïtienne, l’envoi de 500 hommes porte à 5 700 les effectifs terrestres,
auxquels s’ajoutent 750 aviateurs. Le 8 décembre 1990. Mitterrand renforce le dispositif « Daguet » en Arabie Saoudite : avant le 11 janvier 1991, les effectifs français vont passer de 6 200 à 9 500 hommes. Le 19, au cours de sa 6e conférence de presse sur la crise du Golfe, prépare l’opinion française à une guerre qui lui semble de plus en plus inévitable. François Mitterrand, lors d’une conférence de presse sur le Golfe, 9 janvier 1991, assure que, dès le 16 janvier, le « conflit armé » deviendra légitime. Mais le 12 janvier 1991, près de cent mille personnes défilent à Paris contre la guerre à l’appel du PCF, de l’extrême gauche, des Verts et d’organisations pacifistes. Devant le Parlement, réuni en session extraordinaire, est lu quatre jours plus tard un message de François Mitterrand. La déclaration de Michel Rocard, qui annonce le recours à la force pour libérer le Koweït, est approuvée par l’Assem- blée nationale par 523 voix contre 43 (dont 27 PC et 7 PS). Le 17 janvier 1991, l’aviation française participe aux premiers bombardements, mais Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, précise que ses interventions se limiteront au Koweït. Quant au président de la République, il affirme, lors d’un entretien télévisé (20), que l’action militaire française ne sera pas limitée au Koweït. Le premier raid aérien français en territoire irakien a lieu le 24.
La question du Golfe déchire le monde intellectuel français. Les « bellicistes » se font les champions de la guerre du droit, tandis que les « pacifistes » dénoncent une « expédition néo-coloniale ». Le 29 janvier 1991, Jean Pierre Chevènement démissionne, en désaccord avec le président de la République sur la participation de la France à la guerre du Golfe. Pierre Joxe est nommé ministre de la Défense et remplacé au ministère de l’intérieur par Philippe Marchand. Michel Rocard estime début février 1991 que la guerre du Golfe va coûter entre « 6 et 7 milliards de francs ». Le 25, le Koweït annonce une aide de 5 milliards à la France. François Mitterrand, tirant dans une allocution télévisée du 3 mars les conclusions de la guerre du Golfe, déclare « avec fierté que la France a tenu son rôle et son rang ». Il souhaite un débat au Parlement sur la politique de défense française.
Le Proche-Orient n’avait jamais été une « chasse gardée » de la France, mais plutôt un théâtre important et particulier de sa politique extérieure. Par contre, t la France était liée à l’Afrique par un véritable pacte néo-colonial : ce continent ° était un « pré carré » comme disait Richelieu , prolongement de l’action 5 naturelle de la métropole.
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