Narcisse
Sans doute connaissez-vous le narcisse, cette fleur blanche au cœur jaune et au parfum délicieux. Avez-vous déjà entendu son histoire ?
Pour les Anciens, Narcisse est le fils de la nymphe Liriopé et du dieu-fleuve Céphise. C’est un jeune homme d’une beauté exceptionnelle. Son visage est d’une pureté parfaite, ses traits d’une régularité rare, son corps divinement harmonieux. Narcisse a grandi sans vraiment se rendre compte de sa beauté. En effet, alors qu’il était encore enfant, sa mère, Liriopé, a consulté Tirésias, ce célèbre devin de l’Antiquité, qui a reçu de Zeus le don de prédire l’avenir. Liriopé désirait savoir si son fils vivrait longtemps, et Tirésias lui a répondu qu’il vivrait aussi longtemps qu’il ne ver-rait pas sa propre image. C’est pourquoi, pendant toute l’enfance de Narcisse, Liriopé a caché tous les miroirs et a interdit à son fils de se regarder. Ainsi, au fil du temps, Narcisse s’est transformé en un jeune homme irrésistible. À sa seule vue, mortels, dieux, demi-dieux et nymphes en tombent instantanément amoureux. Mais Narcisse a un cœur de pierre : il reste insensible aux sentiments
qu il inspire et ressent même du mépris pour i eux qu’il séduit.
parmi ses victimes, c’est la nymphe Écho qui souffre le plus. Cette divinité des montagnes a jaids été punie par Héra, la femme de Zeus, et elle est devenue incapable de parler. Elle ne peut que répéter le dernier mot des phrases que l’on prononce devant elle d’où son nom, évidemment, t In jour que Narcisse se promène dans la montagne, Écho se décide enfin à lui faire comprendre son amour. Comme elle ne peut parler, elle le suit partout et, malgré elle, répète systématiquement les dernières paroles de son bien-aimé. Narcisse est excédé. Pourquoi Écho se conduit-elle ainsi ?
Avec la nymphe, il se comporte plus brutalement encore qu’à l’ordinaire. Jamais il ne pourra s’attacher, lui dit-il, à quelqu’un qui, comme un perroquet, ne sait que répéter ce qu’on lui dit : n’est-ce I>as stupide et totalement lassant ? Écho est désespérée. Impuissante, elle se laisse peu à peu dépérir. I l le maigrit tant et tant qu’elle finit par mourir de lai ni. Bientôt, il ne reste plus d’elle qu’une voix, i elle voix que l’on entend encore se répercuter à l’infini dans les montagnes…
Une soif funeste
Or, devant ce destin tragique, la grande famille des nymphes est scandalisée. N’oublions pas que ces divinités de la nature sont les filles de Zeus et du Ciel. Les Grecs leur accordent beaucoup de pouvoirs fertilisants et nourriciers, et pensent aussi que les nymphes protègent les fiancés qui viennent se plonger dans l’eau de leurs sources pour obtenir la pureté et la fécondité. En l’occurrence, les nymphes sont outrées par la façon dont Narcisse a repoussé Écho. Elles vont donc trouver Némésis, la déesse de la Vengeance, qui déteste l’orgueil et veille à ce que les mortels ne se prennent pas pour des dieux. Némésis a une idée. Au cours d’une chasse en forêt, elle donne soudain très soif à Narcisse. Impossible de résister. Narcisse, qui a aperçu une rivière, descend de cheval. Il ignore que Némésis l’a volontairement dirigé vers ce cours d’eau dont l’onde est particulièrement transparente et lisse comme un miroir.
La suite, vous l’imaginez. Narcisse S’agenouille pour boire et, pour la première fois, aperçoit sa propre image. Quelle image ! De ce visage sublime, il tombe, lui aussi, amoureux sur-le-champ. À tel point qu’il ne peut plus détacher les yeux de son reflet. N’est-ce pas là le seul objet d’amour dont il a toujours rêvé ? Fasciné par lui-même, Narcisse en oublie de boire et de manger. Peu à peu, il prend racine au bord de la rivière. Insensiblement, il se transforme en une fleur qui tourne ses pétales vers l’eau et s’y reflète à la belle saison. Une fleur blanche ou jaune, délicieusement odorante, le narcisse