La biche aux pieds d'airain
Avançant à pas précautionneux dans le marais de Leme, Héraklès s’arrête soudain. Il désigne un arbre du doigt, et, se tournant vers son neveu Iolaos, déclare : “Voici le platane qu’Athéna, la grande déesse m’a indiqué ! Voici le repaire de l’Hydre !” Aussitôt, Iolaos allume un feu et prépare des flèches enflammées. Héraklès en décoche une volée en direction de l’arbre. Dérangé, le monstre jaillit brutalement du fond du marais. Sur son corps de chien, l’Hydre dresse neuf horribles têtes de serpents dont l’une, dit-on, est immortelle.
Brandissant sa lourde massue, Héraklès frappe avec violence les têtes du monstre, mais il constate que, pour chaque tête écrasée, deux ou trois autres repoussent. Sur son ordre, son neveu met le feu aux arbres les plus proches, puis, au moyen d’une torche, brûle les cous du reptile au fur et s mesure que le héros les frappe. Bientôt ne reste plus que la tête immortelle dont une partie est en or. Lâchant sa massue Héraklès la tranche net d’un seul coup de serpe. L’affreuse tête continue à siffler, mais le héros l’enterre sous un énorme rocher.
Le roi Eurysthée, maître du héros, n’est cependant pas sa-tisfait. “Il faut maintenant, dit-il, que tu captures pour moi la biche de Cérynie et que tu la ramènes vivante à Mycènes!” Héraklès reste perplexe : certes, la biche n’est pas un monstre dangereux; pourtant, capturer ce fabuleux animal semble pratiquement impossible. En effet, cette bête porte des cornes d’or et d’inusables sabots d’airain. Elle passe pour infatigable et montre une stupéfiante rapidité à la course. Héraklès se met en route, parcourant des jours durant les bois et les vallons, les plaines et les montagnes. Il aperçoit enfin la biche, mais celle-ci a eu tôt fait de déceler une présence étrangère. Sur-le-champ, à la vitesse de l’éclair, elle prend la fuite. Le héros se lance à sa poursuite sans parvenir à la rattraper, ni même à la voir de près. De temps en temps, il l’entrevoit, loin devant lui, paraissant le narguer.
A peine se remet-il en route que l’animal s’enfuit à folle allure. La biche file vers les pays brumeux, froids et enneigés où demeurent les Hyperboréens, les hommes du Nord. Dans la neige, sur la glace, par les bois de bouleaux et les forêts de sapins, Héraklès la traque sans relâche. Une année entière s’écoule ainsi sans que le colosse ait pu véritablement approcher l’animal. Un jour, il aperçoit au loin la biche qui se désaltère sur la rive d’un fleuve. Héraklès hésite : se lancer à la poursuite de la bête ne lui donnerait rien car trop de distance les sépare. Alors, bandant son arc, il vise avec soin les pattes avant de l’animal. Tirée avec une remarquable précision, la flèche passe entre le tendon et l’os des pattes et les immobilise sans qu’une goutte de sang soit versée.
Hurlant de joie, Héraklès court vers la biche. Il retire la flèche avec douceur et précaution, lie les membres de la bête et la hisse sur son dos. Artémis, déesse de la chasse, lui apparaît alors. “Cette biche m’est consacrée, dit-elle, et tu n’as pas le droit de la traiter ainsi !” Le colosse calme la colère de la divinité : il n’a pris la biche que par obligation et non pour causer un affront à Artémis. Si quelqu’un est responsable, ce n’est pas lui, mais Eurysthée qui lui a donné l’ordre d’accomplir ce travail. Convaincue par ce discours, Artémis laisse repartir le héros.
A Mycènes, d’autres exploits l’attendent ! Il doit capturer le monstrueux et sanguinaire sanglier qui ravage la région d’Erymanthe. Dès qu’il s’est acquitté de cette tâche, il lui faut nettoyer les écuries du roi Augias. Ce souverain négligent n’avait pas fait enlever le fumier depuis des années, si bien que ses écuries, emplies de saletés, dégageaient une puanteur infâme. Ouvrant deux brèches dans les murs, Héraklès dévie le cours de deux fleuves des environs, et, les faisant passer à travers les écuries, rend à celles-ci leur propreté. Dans la foulée, le héros se rend au lac Stymphale où sévissent des oiseaux cannibales dotés d’ailes et de becs en bronze. Il en abat un grand nombre avec son arc et chasse les autres vers de lointaines contrées. Il traverse ensuite la mer pour dompter le taureau aux naseaux enflammé qui ravage l’île de Crète. Il gagne l’autre extrémité de la Grèce et s’y empare des redoutables juments carnivores du cruel roi Diomède. Ayant ainsi accompli huit exploits, il revient auprès d’Eurysthée. De nouvelles épreuves l’attendent.
Vidéo : La biche aux pieds d’airain
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